La PC-Engine, ce nom sonne comme un réveil magique pour tous les fans de jeux vidéo japonais et autres passionnés d’arcade. Avec sa robe blanche, la PC-Engine première du nom marquera à jamais le paysage vidéoludique mondial. Retour sur une console de légende qui n’a jamais été importée officiellement dans nos contrées.

Petite, mais balèze


La première chose lorsque l’on est confronté pour la première fois de visu à la bête, c’est sa taille qui étonne : avec ses 20 centimètres sur 15, c’est encore aujourd’hui la plus petite console de salon qui ait vu le jour. Le tout pour un poids de 350 grammes, alimentation externe non comprise. Un port manette est placé devant la console. Oui, un seul, pour jouer à plusieurs, il vous faudra investir dans un multitap permettant de jouer jusqu’à cinq en même temps. L’achat obligatoire d’un tel accessoire est à déplorer, mais on y gagne en taille sur la machine. Mais restons dans les manettes. Celles de la PC-Engine font beaucoup penser à celles de la Famicom, la Nes Japonaise, avec des coins assez arrondis, une croix directionnelle et deux boutons de tir. Start est présenté par RUN, et on trouve aussi un bouton Select. On ne trouve pas encore les sélecteurs de vitesse de tir présents à partir des prochaines versions de la PCE, à savoir l’autofire si prisé des fans de shoot’em up.
Au niveau des branchements, comme précisé ci-dessus, la bête utilise une alimentation externe, de format 9V très classique, permettant de la brancher en France sans problème. Le soucis vient beaucoup plus de la sortie vidéo. Celle présente sur le côté de la console sort un format NTSC, il vous faudra donc une télévision qui supporte ce format, ce qui est loin d’être le cas de toutes nos télés françaises, même encore aujourd’hui. Heureusement, les importateurs ont pensé à nous en sortant un adaptateur qui se branche derrière la console par le biais du port d’extension et qui permet de sortir une péritel nourrie au RGB. Idéale pour nos télévisions.

Un nouveau support pour les cartouches


Au niveau des jeux, les HuCards, voient le jour. De la taille d’une carte de crédit avec une épaisseur d’environ deux millimètres, elles peuvent accueillir 256 Ko de données (chiffre annoncé à la sortie, mais on trouve des jeux jusqu’à 1 Mo), ce qui est assez suffisant pour l’époque. Le format n’a pas trop étonné les habitués, puisque la Master System première du nom permettait de jouer avec ce genre de cartes. Reste qu’ici le format a été fabriqué par Hudson, d’où son nom de HuCards, pour Hudson Cards, tout simplement.

Malgré sa petite taille, la console impose des caractéristiques impressionnantes : un processeur graphique est dédié à l’affichage, permettant des scrolling sur plusieurs niveau et un grand nombre de sprites présents simultanément à l’écran. Le tout en 64 couleurs affichables simultanément !
Une console taillée pour les jeux d’action donc.
Ainsi, la console pulvérise les consoles de Sega et Nintendo, à savoir la Master System et la Nes en termes techniques.
Et techniquement justement, il y a de quoi se casser la tête et laisser les fans se prendre la tête bien comme il faut. Le processeur de la PC Engine, le Hu6280, est un 8 bits. C'est ensuite que les choses se compliquent : d'après les ingénieurs, le processeur graphique qui vient épauler le processeur principal est un 16 bits. Dans tous les cas, il utilise un bus et des registres 16 bits pour la mémoire vidéo. Alors du coup, la console est une 8 ou une 16 bits ? On va plutôt parler d'hybride, ou même d'une 8 bits boostée, tant la comparaison avec une NES ou une Master System atteint ses limites. Reste que la console est capable d'afficher des visuels beaucoup plus agréable que ses consœurs de l'époque.

La France en tant que belle ambassadrice


La console est arrivée durant l’année 1989 en France, importée officieusement par le magasin Shoot Again. Beaucoup d’autres magasins l’importeront par leurs propres moyens par la suite.
Mais c'est surtout Sodipeng qui importera toutes les consoles Nec officiellement. Cela permettra d'ailleurs à la France d'avoir en 1991 le parc de consoles PC Engine le plus important d'Europe avec près de 30 000 unités.

Ceci fait que finalement, lorsque l’on saura où chercher, il sera tout à fait possible de trouver des consoles Nec, ainsi que des jeux, en France. Le tout était de savoir si on était prêts à y mettre le prix… Eh oui, l’import coûtait déjà très cher à l’époque. Il fallait ainsi payer environ 450 francs pour un jeu.
Au départ, on se pose la question sur le comportement de Nec par rapport à un lancement officiel en Europe. Cela ne se fera jamais, alors que la firme proposera des adaptations de ses consoles aux Etats-Unis, dans des formats propriétaires. Les jeux américains ne peuvent donc se jouer que sur les consoles américaines, de même pour les jeux japonais. C’est pourquoi on trouve beaucoup plus de versions japonaises par chez nous. Les importateurs ont sans surprise importé le format original, propose beaucoup plus de jeux.
Quatre jeux accompagnaient cette sortie : R-Type, R-Type II (qui est en fait la seconde moitié de R-Type, puisque le tout ne tenait pas sur une seule HuCard), Chan Chan et Victory Road. Le fait de ne pouvoir brancher qu’une manette et le fait que le multitap ne soit pas encore sorti fait que les jeux ne seront jouables que par un unique joueur. Ceci est très dommage, surtout pour les deux shoot’em up mentionnés. Les comparaisons avec les consoles existantes fuseront, bien entendu. D’autant que R-Type était déjà adapté sur beaucoup de supports, donc la Master System de Sega. Bien entendu, la Nec pulvérise tout techniquement. On peut aussi comparer Victory Road à Out Run : le premier, avec son aspect technique au dessus de la moyenne permet de tenir la comparaison face aux adaptations du jeu mythique de Sega. Il en va tout autrement de Chan Chan qui se révèle n’être qu’un jeu au graphismes sympas mais très moyen en terme d’intérêt, reprenant le principe d’un Super Mario Bos.
De nombreux jeux arriveront par la suite, en versions japonaises bien entendu. Les notices sont ainsi traduites en français sans illustrations et parfois tapées à la machine puis photocopiées. La grande époque de l’import selon certains, où tout cela était parfaitement légal.

Un nombre incroyable de jeux verra le jour sur le support, et Nec bénéficiera d’une implantation extrêmement bonne au Japon. Précurseur de génie, il sera le premier à ajouter le support CD à sa console (le fameux PC Engine CD-Rom²), et sortira beaucoup de versions de sa machine fétiche, avec les Core Grafx et Core Grafx II, la géniale portable PC-Engine GT, l’évolution ratée Supergrafx, et les nombreuses versions limitées comme la PC-Engine Shuttle.
Une console de rêve pour les amateurs de jeux d’arcade et plus particulièrement de shoot’em up, qui fera la joie des collectionneurs qui sueront sang et eau pour tâcher d’en trouver toutes les versions. Et on leur souhaite bon courage.

Nec PC Engine côté technique

Microprocesseur : deux Hu6280 à 7 Mhz (clones de 65C02)
Mémoire vive : 64 Ko de mémoire graphique
Vidéo : 256x212 en 64 couleurs parmi 512
Son : 6 voies sur 8 octaves
Prix d'origine : 2350 F lors de sa sortie chez Shoot Again