Sherlock Holmes Détective Conseil

Chroniqué par Nicolas Gilles

Sherlock Holmes Détective Conseil est un grand père du jeu de société… Mais est-ce que c’est bien un jeu de société déjà ? On s’en fout, c’est un truc bizarre qui vaut votre coup d’oeil.

L’histoire de Sherlock Holmes Détective Conseil

Avant de parler du jeu, on peut parler de l’histoire du jeu lui-même, tant elle est riche. Actuellement, le jeu ne compte pas moins de trois éditions.

Il est d’abord sorti en 1981 en version originale aux Etats-Unis chez Chessex (une édition très confidentielle), puis en 1984 chez Sleuth Publications à plus grande échelle, et en 1985 en version française chez Descartes (oui, vous la sentez la bouffée de nostalgie ?).

Puis, peu à peu les stocks se sont écoulés et le jeu est tombé dans l’oubli, restant un truc original et pas banal pour les vieux briscards, et un truc à chercher dans les vide-greniers pour tous le reste des joueurs (bon courage pour mettre la main dessus).

Il faut attendre 2011 pour que Ystari en fasse une réédition… Qui sera peu à peu épuisée elle aussi. C’est donc en 2016 que les Space Cowboys (dont fait partie le fondateur d’YStari, cela facilite les droits) en sortent une nouvelle version.


C’est de celle-ci qu’il s’agit sur les photos qui parsèment cet article.

Les Space Cowboys sortiront ainsi plusieurs boites, regroupant à chaque fois dix missions, dix chapitres à compléter, avec notamment une version sympa traitant de Jack l’Eventreur.

La matériel est d’excellente facture, c’est très esthétique et cela contribue à plonger dans le Londres Victorien mis en place.

Un jeu de société dont vous êtes le héros

Quand on ouvre la boîte de Sherlock Holmes Détective Conseil, on est quelque peu déstabilisé : il n’y a que des livres ! Ah si, il y a une carte aussi, et des reproductions de journaux de l’époque.

Pas de cartes, pas de plateau de jeu, de pions ou de dés. C’est ce qui fait dire à certains que ce n’est pas vraiment un jeu de société. Mais c’est un truc que l’on pose sur une table et auquel on joue avec des copines et des copains. Donc bon, on ne va pas se poser 150 questions : sur le fait de savoir si c’est un jeu de société, je répondrais laconiquement : “on s’en bat les couilles”.


Le principe du jeu rappelle énormément les Livres Dont Vous Êtes le Héros… Enfin, vu que le premier livre sort dans la collection Folio en 1984, on se dit que finalement, le Sherlock Holmes qui nous intéresse ici est plutôt un proto Livre Dont Vous Êtes le Héros, et pas l’inverse.

Là où le jeu se démarque des Livres Dont Vous Êtes le Héros, c’est que de passer d’un paragraphe à un autre en feuilletant les pages ne suffit pas. Ici, l’aventure n’est pas linéaire, chaque chapitre correspondant à un lieu que l’on peut visiter et où l’on peut récolter des indices.

La puissance de la déduction

Car dans Sherlock Holmes Détective Conseil, c’est bien votre sens de l’observation, votre sens des détails et surtout de la déduction qu’il va falloir affûter. Le jeu peut être joué seul, mais il est bien plus intéressant de le parcourir à plusieurs. Déjà parce que plusieurs cerveaux valent toujours mieux qu’un.

Chacune des missions commence par vous expliquer son contexte. A vous ensuite de parcourir les rues de Londres afin de mener votre enquête.

Pour cela, vous avec trois outils :
- L’annuaire, qui vous donne les noms des personnes
- La carte
- Et le livre d’enquête
- Le journal du jour, et des jours précédents (vous en avez de plus en plus au gré des missions)


Vous cherchez sur la carte ou dans l’annuaire, et vous identifiez la page et le code du paragraphe à lire. Chaque lieu correspond à une piste. Vous faites la course avec Holmes, et devez donc résoudre l’enquête en vous déplaçant le moins possible ! Dans la pratique, cela n’a pas grand intérêt de savoir que l’on pouvait résoudre l’énigme en 11 coups (c’est-à-dire en visitant 11 lieux) alors que vous avez réussi en 17. Dans tous les cas, ne vous leurrez pas : il sera toujours bien plus fort que vous.

Car le jeu est difficile. Très difficile même. Et regarder la fin d’une mission revient à abandonner cette dernière puisque vous aurez la solution. Le jeu est donc sorti en 1981, mais c’était presque déjà un legacy, pour son époque. Simplement ici, on ne salope pas le matériel : on peut recommencer autant de fois qu’on le veut.

Toute la question est donc de savoir dans quels lieux on va se rendre. Le jeu propose que ce soit le joueur actif qui choisisse, mais dans les faits c’est souvent un choix plus collégial.

Attention d’ailleurs, le jeu souffre d’un effet leader flagrant. Si l’un des joueurs a une plus grande gueule que les autres, il peut facilement imposer de se rendre à tel ou tel endroit, peu importe que ça soit son tour ou pas. Mais bon, ce n’est pas gênant. Et on a les amis que l’on mérite.

Il faut aimer la lecture

On lit beaucoup dans Sherlock Holmes Détective Conseil. Il est conseillé dans la règle que cela soit le joueur actif qui lise, mais vous pouvez aussi désigner un narrateur. Toutefois, le fait de lire chacun son tour brise un peu la monotonie qui peut s’installer.


Dans tous les cas, il est vivement conseillé de prendre des notes. Déjà, ça occupe, et ensuite vous ne pourrez jamais tout retenir. De plus, certains détails vous paraîtront anodins pour finalement devenir prépondérants. Donc à vos stylos !





Sherlock Holmes Détective Conseil, un jeu pour 1-8 joueurs de Raymond Edwards, Suzanne Goldberg et Gary Grady, édité par Space Cowboys pour des parties d'environ 90min.
Age conseillé : 12+.