Chroniqué par Nicolas Gilles
The Cave marque le retour tant attendu de Ron Gilbert aux commandes d'un jeu vidéo ! Si vous ne savez pas qui est ce bougre, sachez juste qu'on lui doit quelques perles inoubliables comme, au hasard, les deux premiers Monkey Island et Maniac Mansion !Lors de l'annonce, j'étais comme un fou : j'avais hâte de retrouver l'ambiance et le ton si décalé auquel l'auteur m'avait habitué avec ses précédentes productions. Toutefois, bien des années se sont écoulées, et je me demandais si la recette du point & click de l'époque pouvait encore fonctionner de nos jours. Certes, des séries comme Runaway prouvent qu'il est encore possible de faire un jeu dans le plus pur esprit du genre... Mais ce n'était pas ce que Gilbert avait en tête.
Lorsque l'on voit les premières images du jeu, on reste perplexe : comment faire un jeu d'aventure avec un gameplay qui semble typiquement sorti d'un jeu de plates-formes ? Comprenez par là que l'on évolue en vue de côté, en faisant se déplacer son personnage comme dans un bon vieux Mario des familles.

The Cave sur Xbox 360.
Et pourtant, une fois la manette en main, cela fonctionne sans problème, et ajoute même une touche de dépaysement pour le joueur. C'est un choix totalement assumé pour Ron Gilbert, qui pense qu'en cette année 2013, les joueurs n'ont plus vraiment la patience d'attendre que le personnage se déplace tout seul là où on a cliqué... Et il n'a pas vraiment tord.
Au début du jeu, on doit choisir trois personnages parmi sept. Chacun est évidemment un stéréotype à lui tout seul : l'aventurière, la scientifique, le chevalier, le redneck, les jumeaux, etc.
L'aventure est découpée en des parties générales, et des niveaux spécifiques à l'un des personnages que vous avez choisi. Cela permet ainsi de comprendre un peu mieux d'où sort le personnage. Car, pour se retrouver dans la Caverne, il faut se chercher soi-même. La traverser permet à chacun de faire l’éclairage sur ses propres démons. L'ensemble est finalement assez sombre, l'humour noir étant omniprésent - souvent souligné par la voix off de la Caverne elle-même.
On passe donc d'un personnage à l'autre en appuyant sur un simple bouton. Côté inventaire, c'est simple : il n'y en a pas ! Vous pouvez transporter un objet par personnage, pas plus. Les énigmes s'en ressentent donc, et le côté totalement barré et improbable du "je teste tous les items que j'ai dans mon inventaire histoire de me débloquer" rencontré trop souvent dans Monkey Island n'a pas lieu d'être ici. C'est finalement tant mieux.
Néanmoins, n'allez pas imaginer que les énigmes de The Cave sont simplistes, bien au contraire, elles vont souvent vous donner une bonne dose de fil à retordre.
Pour avoir la fin du jeu, il faut donc le terminer avec les sept personnages, et donc terminer l'aventure trois fois : une première avec trois personnages, une deuxième avec trois autres, et une dernière avec le dernier personnage. C'est assez déstabilisant et finalement peu judicieux. On voulant faire un clin d'oeil à Maniac Mansion et ses sept protagonistes, on rate ici quelque chose pour tomber dans une redondance assez lourde.
Ainsi, la première boucle est vraiment plaisante, tandis que les autres se révèlent un peu lourdes, en ce qui concerne les niveaux généraux. Dommage, mais nul n'est parfait.
Côté durée de vie, une boucle prend environ 4 à 5 heures, mais les suivantes sont évidemment beaucoup plus rapides, puisque l'on connait déjà la moitié des énigmes.