Chroniqué par Nicolas Gilles
Faites péter les cartes carrées, on va faire des pyramides ! Votre objectif ? Amasser le plus de points et prouver que vous êtes aptes à prendre les rênes du royaume de Lear.
Un jeu qui n’est pas à l’Ouest
Non, parce qu’il vient de l’Est. (NDLR : je me suis auto mis dehors, merci pour moi).
Viceroy est l'œuvre de Yuri Zhuravlev, un auteur russe à qui on doit notamment Costa Runa, Catham City et plus récemment Space Explorers. Viceroy est clairement son jeu le plus connu.
La boîte de Viceroy est de taille moyenne. Le matériel est de bonne qualité : les cartes carrés sont agréables à manipuler et les jetons sont en carton bien épais.
C’est surtout visuellement que Viceroy envoi le pâté. Les illustrations sont très nombreuses et vraiment très chouettes. Le jeu est un jeu à mécanique, et comme bien souvent, le thème s’efface bien vite.
La phase d'enchères.
Reste que l’on prend toujours autant de plaisir à regarder les cartes et leurs illustrations qui fourmillent de détails.
Enchères pour gentil
La première phase de Viceroy vous propose de choisir une carte parmi quatre, qui sont placées derrières l’une des cartes couleurs des jetons de jeu : rouge, jaune, vert et bleu.
La mécanique de Viceroy se base en partie (tout du moins dans sa première moitié de tour) sur un système d’enchères. Mais ici, il n’est pas question de spéculer. Vous jouez un jeton de votre main correspondant à la couleur de la carte que vous convoitez.
Et si un autre joueur la convoite également, vous perdez tous les deux votre pièce et personne ne prend de carte. Si vous êtes le seul, vous payez votre pièce et vous prenez la carte. Dans le cas où il y a le choix entre deux cartes, vous pouvez vous mettre d’accord sur qui prend quelle carte.
Les phases d’enchères se renouvellent jusqu’à trois fois ou (dans la plupart des cas) si chaque joueur a récupéré une carte.
Votre but : construire votre propre pyramide de cartes.
Pyramide de pouvoir
La seconde phrase de Viceroy consiste à construire votre pyramide de pouvoir. Vous devez ainsi placer les cartes que vous avez en main de façon à construire votre pyramide.
Et forcément, les cartes vont vous offrir de nombreuses possibilités de marquer des points. Vous aurez les cartes qui vous apportent un petit nombre de points immédiatement, et d’autres qui devront êtres “construites” avec des consoeurs qui vous permettront de marquer des scores bien plus gros… mais pourrez-vous vous procurer ces cartes, puis pourrez vous les placer ?
De plus, si certaines cartes vous rapportent des points, d’autres vous apportent des bonus très appréciables, vous apportant plus de souplesse dans votre jeu. Le tout est de trouver le bon équilibre entre cartes à points et cartes à pouvoir...
Et bien entendu, plus vous montez dans les niveaux de votre pyramide (elle peut en comporter cinq au maximum), plus elles seront chères à poser.
Tout l’équilibre est donc de savoir gérer ses pions de quatre couleurs afin de ne pas se retrouver à court… Et si vous en avez trop, vous aurez gaspillé votre temps et vos cartes pour rien, car ces pions ne rapportent en rien en fin de partie.
Une fois terminé, ça a plus de gueule !
Analysis Paralysis
Il est très courant, dans un jeu de plateau, d’avoir beaucoup de choix au départ et de les voir se réduire drastiquement au gré de la partie en fonction de vos choix et de la mise en place de votre stratégie.
Mais ici, c’est vraiment poussé à son paroxysme, si bien que les joueurs qui mettent trois plombes à jouer (ceux qui sont victimes d’Analysis Paralysis) parce qu’ils évaluent tout ce qu’ils peuvent faire douze tours à l’avance, vont ici faire se faire péter le cerveau. Limite nervous breakdown comme on dit dans les milieux autorisés.
C’est simple : en début de partie, on ne sait pas trop quelle stratégie adopter tant les choix sont nombreux. Et c’est encore plus difficile à aborder lors des premières parties.
Car, dans Viceroy, il faut faire preuve d’opportunisme et ne pas hésiter à changer de stratégie. Et surtout, vous allez devoir effectuer plusieurs stratégies en parallèle. C’est un principe plutôt classique que l’on retrouve dans chaque jeu à salade de points, où il existe des tonnes de façons de marquer des points.
L’ensemble peut donc sembler un peu bordélique, surtout en début de partie. Mais au fur et à mesure, vous allez devoir définir plus clairement votre axe de jeu. Le choix des cartes que vous devez jouer sera de plus en plus clair.
En fin de partie, vous pouvez customiser quelques trucs pour maximiser vos points.
C’est pas un peu long ?
Sur la boite est noté que les parties font environ une heure. Soixante minutes. Toutes les parties auxquelles j’ai joué (à deux en plus) ont duré plutôt autour de deux heures.
Cela peut se comprendre durant les premières parties, le temps de prendre en main les règles et de comprendre un peu les stratégies que l’on peut mettre en place, mais non, c’est toujours aussi long.
Du coup, cela devient assez vite ennuyeux, et quitte à sortir un jeu de deux heures, je préfère sortir autre chose de plus profond et plus velu.
Un jeu dans le jeu : ranger la boîte de Viceroy
Il y a un jeu bonus dans Viceroy : comment ranger les pièces au sein du Thermoformage ? C’est un vrai casse-tête, car rien ne tient.
Donc soit je suis totalement abruti (ce qui est parfaitement dans le domaine du possible), soit le thermoformage est totalement foiré.
L'arrière de la boite de Viceroy.
La seule solution que j’ai trouvée, c’est de retourner le thermoformage et de mettre l’ensemble des pièces dans des plastiques ZIP. Certains ont carrément jeté ce bout de plastique aussi volumineux qu’inutile, mais je n’aime pas jeter des pièces de mes jeux, aussi inutiles soient-elles… Et il y a marqué “Viceroy” en grosses lettres dans le Thermoformage, et c’est quand même bien classe.
Le thermoformage est inutilisable, c'est donc la seule façon que j'ai trouvé pour ranger le jeu...
Viceroy, un jeu pour 1-4 joueurs de Yuri Zhuravljov, illustré par Nombreux, édité par Funforge pour des parties d'environ 60min.
Age conseillé : 13+.
Viceroy
Viceroy souffre d’un côté bordélique qui ne plaira pas à tout le monde. Il offre un large choix de cartes à placer dans votre pyramide, peut être même un peu trop large. Mais surtout, c’est la durée des parties, qui le placent dans la cours des jeux plus costauds à côté desquels il ne fait pas le poids, qui me semble être son principal défaut.
La note : 3/6 (Sympathique)
