Wingspan vous propose de collectionner les oiseaux. Un jeu non violent, idéal pour attirer le public féminin, mais surtout pour faire une partie d’un excellent jeu de société.

Un matériel exemplaire


Tout dans la boîte de Wingspan invite à jouer. Les cartes sont toilées, ce qui leur donne un toucher très agréable. De plus, les 170 cartes sont TOUTES différentes, et représentent chacune un oiseau différent. Les cartes se trouvent dans une boîte en plastique qui sert de rangement et dont le couvercle est utilisé pour la pioche de cartes.

On trouve également 4 plateaux personnels bien grands et bien épais où l’on va pouvoir placer ses oiseaux. Et surtout, on trouve les stars du jeu : les oeufs.

Et, comme c’est à la mode, on trouve une tour à dés, avec 5 dés en bois tout aussi esthétiques que le reste. Ils serviront de pioche pour la nourriture de vos oiseaux, qui est, quant à elle, matérialisée par des pions en carton épais.

Le seul défaut, c’est que les cartes sont légèrement convexes, et donc pas plates. C’est dommage vu le niveau de finition du jeu. Mais là, je fais clairement la fine bouche.

Votre but : poser des cartes oiseaux en respectant leur environnement.
Votre but : poser des cartes oiseaux en respectant leur environnement.

On peut aussi s’étonner de la présence de 4 boîtes marquées SM (pour Stonemaier Games, l’éditeur américain, bande de dégénérés sexuels), alors qu’il y a 5 types de nourriture. Ce n’est pas très pratique, puisque cela force à trier les pions nourriture à chaque partie. Du coup, j’ai ajouté une boîte supplémentaire de type Geek Box, et le tour était joué. Une fois en jeu, on peut placer les oeufs dans les couvercles.

Parce que oui, dans Wingspan, les stars du jeu, ce sont ces petits oeufs en plastique de toutes les couleurs, ainsi que originaux que sympathiques à manipuler.

Un jeu écolo et féministe


Tout du moins dans son thème. Dans Wingspan, on collectionne les oiseaux, sans leur faire de mal. Le but du jeu n’est pas d’aller péter la gueule de l’autre ou de lui voler son territoire. Non, ici, il faut juste se développer pour marquer des points en fin de partie.

Comme dit plus haut, chaque carte présente un oiseau différent. Au bas de chaque carte, une petite anecdote sur l’oiseau en question est précisée, ainsi que la région du monde dans laquelle on le trouve. Et tant pis pour nous, pauvre européens, si la plupart des oiseaux sont issus des Etats-Unis. Elizabeth Hargrave, l’auteure, étant américaine, la plupart des oiseaux sont issus du continent américain.

Mais Elizabeth est également une féministe convaincue. Wingspan est ainsi un jeu 100% féminin, puisque les 3 illustrateurs sont des illustratrices : Natalia Rojas, Beth Sobel et Ana Maria Martinez Jaramillo.

Plus la partie avance, plus vous bénéficiez des actions de vos oiseaux.
Plus la partie avance, plus vous bénéficiez des actions de vos oiseaux.

Et c’est peut être aussi ce qui fait que l’on sort assez facilement le jeu auprès de la gente féminine. Tant mieux !

Envoyez les combos


Les règles de Wingspan ne sont pas très complexes. Sur votre plateau personnel, vous disposez de trois rangées, qui correspondent chacune à un habitat pour vos oiseaux : forêt, lande ou marais.

A votre tour, vous avez quatre actions possibles :

Poser une carte : Vous allez placer un oiseau dans l’une de vos lignes forêt / lande / marais, en en payant le coût. Un oiseau à deux coûts : le premier est en nourriture et est noté sur la carte. Le joueur doit donc défausser la nourriture correspondante.
Mais il doit également défausser un certain nombre d’oeufs en fonction de la colonne dans laquelle il place son oiseau. On place les oiseaux toujours le plus à gauche de la ligne, et si la première place est gratuite, après il faudra défausser 1 ou 2 oeufs. Il faut donc être doublement vigilant.
Enfin, les oiseaux ont un habitat naturel que vous devez respecter : un oiseau des marais ne pourra donc logiquement pas être posé dans la forêt.

Activer la ligne forêt : Cette ligne vous permet de piocher un certain nombre de dés dans la mangeoire pour récupérer de la nourriture.

Le matériel est idéal : tout est pensé pour être pratique à utiliser.
Le matériel est idéal : tout est pensé pour être pratique à utiliser.

Activer la ligne lande : Cette ligne vous permet de piocher un certain nombre de d’oeufs et de les placer sur vos oiseaux, dans la limite du nombre d’oeufs qu’ils peuvent transporter.

Activer la ligne marais : Cette ligne vous permet de piocher un certain nombre de cartes oiseaux.

Toute la finesse de Wingspan vient donc de ses combos : lorsque vous activez une ligne, vous piochez de la nourriture / des oeufs / des cartes, mais vous activez également le pouvoir spécial de chacun de vos oiseaux… Ils vous permettent par exemple de piocher de la nourriture supplémentaire, pondre un oeuf supplémentaire, etc.
A vous de comboter comme il faut pour rationaliser vos actions !

Car plus vous avez d’oiseaux sur une ligne, plus l’action sera puissante. Vous pourrez ainsi piocher plus de nourritures / d’oeufs / de cartes.

Les objectifs


Le jeu se déroule en quatre manches, chacune ayant un objectif précis, tiré au hasard en début de partie. La plupart du temps, il s’agit d’avoir un certain nombre d’oiseaux d’un type en particulier ou dans un habitat en particulier. Cela peut aussi être le nombre d’oeufs sur des oiseaux particuliers ou dans un habitat en particulier.

Et en plus, il y a une tour à dés. Et là, c'est quand même la classe.
Et en plus, il y a une tour à dés. Et là, c'est quand même la classe.

A la fin de chaque manche, vous utilisez l’un de vos pions actions pour le placer sur la carte objectif. Du coup, vous perdez une action à chaque tour !

Mais comme vous aurez entre temps posé des cartes oiseaux, vous pourrez bénéficier de leurs pouvoir lorsque vous activez leurs lignes. Le nombre d’actions baisse au gré de la partie, mais chaque action est de plus en plus riche. Pratique non ? Et surtout super bien vu.

L'interaction est très peu présente dans Wingspan. Au pire, vous pouvez chiper des cartes dans la pioche qui auraient pu intéresser l’un de vos adversaires. Mais sachez que le jeu propose deux façons de gérer les objectifs :
- En fonction du nombre d’objectifs réalisés (les joueurs marquent donc leurs points chacun dans leur coin) ;
- En fonction de la majorité des joueurs.

Il est donc possible d’ajouter un côté plus compétitif à Wingspan. De mon côté, je préfère la version où chaque joueur marque ses points indépendamment. Mais c’est à vous de voir.

Et comment on gagne ?


Wingspan est une salade point. Mais comme tout le reste du jeu, c’est une salade points pas très compliquée à comprendre.

Ainsi, à la fin de la partie, vous marquez les points suivants :
- Vos oiseaux : chacun vaut un nombre de points (entre 1 et 9) ;
- Les objectifs : on peut marquer jusqu’à 5 points par manche ;
- Les cartes objectifs : on dispose également d’objectifs secrets permettant de marquer des points supplémentaires ;
- Le nombre d’oeufs sur vos oiseaux (1 point par oeuf) ;
- Le nombre de nourritures sur les cartes (lié au pouvoir de certains oiseaux, car les nourritures qu’il vous restent à côté du plateau ne valent rien) ;
- Le nombre de cartes sous vos oiseaux (encore un pouvoir de certains de vos oiseaux, notamment les rapaces qui peuvent manger d’autres oiseaux).

Bien entendu, c’est celui qui a le plus de points qui remporte la partie.

Pourquoi ça marche si bien ?


C’est étonnant de voir à quel point la mécanique de Wingspan fonctionne parfaitement bien. On est typiquement dans le familial+, ou plutôt familial++, car il est un peu comme tous les jeux Stonemaier Games (notamment Scythe ou Viticulture) : il n’est pas fait pour les novices.

Mais cela ne veut absolument pas dire qu’il est complexe. Au contraire, il me semble même être un excellent jeu pour ceux qui voudraient essayer des choses un poil plus complexes.

Dans Wingspan, vous pouvez anticiper facilement vos prochains tours… Ou pas. C’est en fonction de votre jeu, mais vous pouvez également faire preuve d’opportunisme en chopant des cartes qui vous semblent intéressantes pour la stratégie que vous développez.

Et finalement, l’analysis paralysis n’est pas trop présente. En effet, les objectifs vous imposent une ligne directrice à court terme, ce qui est particulièrement bien vu. Si vous ne savez pas trop comment jouer, vous pouvez toujours tenter d’atteindre l’objectif de la manche.

Après quelques parties, vous pourrez petit à petit vous en affranchir, car ce ne sont pas les points d’objectifs qui sont les plus importants pour remporter la victoire finalement.

Un sacré coup de coeur


Cela faisait un bout de temps que je n’avais pas eu un si gros coup de coeur pour un jeu de société.

La mécanique est fluide, simple, le sujet est original et graphiquement sublime, le matériel est de qualité… Il vous en faut plus ? Sachez également que le thème colle parfaitement à la mécanique, ou l’inverse. Par exemple, les pouvoirs des oiseaux correspondent vraiment à leur type.

Les parties se sont enchaînées, et après une bonne vingtaine, je ne ressens toujours pas de lassitude. Pas mal pour un jeu actuel ou lorsque l’on fait une dizaine de parties on est déjà super content, non ?


Wingspan, un jeu pour 1-5 joueurs de Elizabeth Hargrave, illustré par Ana Maria Martinez, Jaramillo Natalia Rojas, Beth Sobel, édité par Matagot pour des parties d'environ 60min.
Age conseillé : 10+.
Culte, indispensable !

Wingspan

Wingspan, c’est un sacré coup de coeur. Essayez le, ça m’étonnerait vraiment que vous soyez déçu•e !

La note : 6/6 (Culte, indispensable !)