L'odyssey de Magnavox est une console extrêmement importante d'un point de vue historique puisque c'est tout simplement LA première console de jeux vidéo du monde ! Avant Atari et son Pong, un dénommé Ralph Baer avait déjà posé les bases du fameux jeu de tennis.
Près de trois ans avant la console Pong d'Atari, une console est mise sur le marché par Magnavox, une firme connue aux Etats-Unis pour son travail dans l'électronique grand public, avec principalement la commercialisation de téléviseurs.

Tout commence en 1951 où Ralph Baer est embauché chez Loral, un fabriquant d'électronique. Son rôle est simple : imaginer la meilleure télévision. L'idée de créer des interactions avec ce qui se passe à l'écran naît alors dans on esprit. Malheureusement et malgré ses efforts, rien de concret n'aboutira.
L'idée ne sera étalée sur papier qu'en 1966 pour le compte de Sanders Associates, un entrepreneur miliaire qui l'a intégré dans ses rangs pour tâcher de mettre à profit ses recherches pour un entraînement miliaire, avec un document comportant quatre pages de spécifications détaillées de la chose.
L'idée de base est alléchante : le fait d'utiliser un écran de télévision en lieu et place d'un moniteur trop coûteux ouvre bien des portes.
Le premier jeu électronique à voir le jour consiste a éteindre des incendies : une boite représentant une maison est affichée en rouge. Le joueur, équipé d'une pompe, doit faire le shadock. S'il va assez vite, la maison devient bleue. Viennent ensuite d'autres idées comme un jeu de chasse, avec un pistolet et des cibles qu'il faut viser à l'écran.

La fameuse Odyssey : première console du monde !
La fameuse Odyssey : première console du monde !

L'année suivante, l'équipe s'agrandit et un nouvel ingénieur, du nom de Bill Rusch, vient rejoindre l'équipe. C'est ce dernier qui a l'idée des paddles permettant au joueur d'avoir une interaction plus fine avec ce qui est affiché à l'écran. Il est d'abord question de rattraper et jeter un point visible à l'écran. Mais très rapidement, le jeu se contentera de le renvoyer : le fameux jeu de tennis est né.
L'invention est brevetée le 15 janvier 1968. Dans la foulée, un prototype est né. Pleinement opérationnel, il est appelé Brown Box, à cause de son look en faux bois réalisé à l'aide d'autocollants. Il dispose de 10 jeux, interchangeables par le biais de cartouches ne comprenant aucun composant, mais des jumpers permettant de configurer la console. Parmi les jeux disponibles, c'est un condensé des recherches qui est maintenant offert aux privilégiés pouvant s'y essayer : tennis, football, volley et même des jeux de tir.
Les graphismes sont très pauvres. Pour compenser cet état de fait, des overlays sont utilisés. Ces morceaux de plastique transparent à disposer sur l'écran permettant d'avoir un décor, chaque jeu évoluant dans un écran fixe (le scrolling n'était pas encore inventé). Pour compléter le tout, des fonds d'écran de couleur générés par la console finissent le décor.

La machine est opérationnelle et promise à un bel avenir. Il reste donc à trouver un investisseur capable de permettre son envol. De nombreuses sociétés vont être visitées par Ralph Baer en vue de leur démontrer l'intérêt de ce nouveau jeu révolutionnaire. General Electrics, Sylvania, Zenith et de nombreux autres seront ainsi passés au crible. Pratiquement tous se révèlent très froids. Un accord est passé avec RCA en 1970, pour être rapidement annulé. C'est finalement Magnavox qui va récupérer l'affaire en enrôlant Baer et son équipe durant quelques mois (de mars à septembre 1970) pour élaborer ce qui deviendra l'Odyssey.
En mai 1972, l'Odyssey Home Entertainment System est enfin commercialisée.

Le look est vraiment kitch. On peut aussi noter les contrôleurs, très rudimentaires.
Le look est vraiment kitch. On peut aussi noter les contrôleurs, très rudimentaires.

En cette première année, près de 100 000 console trouveront acquéreur ! Le résultat est excellent. Son fonctionnement est pratiquement identique à celui de la Brown Box. La principale différence vient de l'absence de couleur de fond générée par la console, pour une raison aisée de coûts. De la même façon, seulement deux tailles d'overlays sont disponibles.
Tout comme son illustre aînée, l'Odyssey est analogique, et non digitale, ce qui la rend extrêmement rudimentaire mais très intéressante d'un point de vue technique. Elle est vendue avec plusieurs cartouches permettant de jouer aux jeux si connus de tennis et compagnie, au nombre de 12. D'autres jeux, vendus par groupe de six, seront vendus à part. Un flingue avec la cartouche de jeu qui va avec est également commercialisé un peu plus tard.

Dès les mois qui suivent, les démonstrations vont bon train chez Magnavox. Parmi les badauds attirés par ces annonces se trouve un certain Nolan Bushnell, patron du futur Atari. La vue de ce jeu de tennis va lui apparaître comme une révélation. Après son Computer Space (une version revue et corrigée du Space War de Steve Russell), il pourra sortir son désormais légendaire Pong, d'abord en arcade, puis en version de salon en 1975. Il se prendra d'ailleurs un procès pour copie frauduleuse de la part de Magnavox que ce dernier gagnera.
Malgré tous les efforts de Magnavox, les ventes qui avaient si bien démarré peinent énormément à décoller. Les causes sont difficiles à définir, mais on peut avancer que la plupart des consoles étant vendues dans les magasins de le chaîne de la firme, le public était habitué à voir des Odyssey branchées à des télévisions de la marque Magnavox. De là l'amalgame aisé de prétendre que les consoles ne fonctionnent qu'avec les téléviseurs de la marque. Malgré les baisses de prix ($75 en 1973 et même $50 en 1974), rien n'y fera.

Au final, on ne compte que 200 000 unités d'Odyssey vendues. En 1974, une nouvelle version de la console sera lancée, destinée au marché export dans 12 pays, dont le Japon, où c'est Nintendo qui commercialisera la machine, marquant là sa première incursion dans le monde du jeu vidéo. Les quantités présentes dans ces pays sont extrêmement réduites, rendant ces consoles d'une grande rareté. Cette version ne comporte plus que 10 jeux. Cinq des douze jeux originaux sont supprimés et remplacés par trois nouveaux. En France, elle est commercialisée sous le nom d'Odyssee. A priori elles ont été commercialisées par ITT.
De son côté, Ralph Baer continuera de fabriquer des jeux, avec tout un tas d'inventions électroniques – il a rapidement délaissé le monde du jeu vidéo après l'Odyssey – comme le Simon, commercialisé par Mattel en 1978.

Magnavox Odyssey côté technique

Microprocesseur : Rien, tout est analogique
Son : rien, nada, pas de son
Prix d'origine : Environ $100