S’attaquer à la chronique d’Agricola a quelque chose de titanesque. Non pas qu’il soit vraiment difficile de décrire le jeu, c’est juste qu’il est difficile de parler d’une légende.

Agricola en version éditée par Funforge


En préambule, je précise que je part sur la version éditée en 2016 par Funforge, et qui fête les dix ans d’Agricola. L’ensemble propose un très beau matériel là où l’édition originale se contentait de cubes en bois.

Donc déjà, visuellement et tactilement, c’est beaucoup plus agréable. Ainsi, à la place des cubes en bois, on retrouve des meeples qui ressemblent réellement à ce qu’ils sont : des roseaux, des moutons, du bois, etc. Le tout avec la couleur qui permet de facilement les différencier.

De plus, le plateau de jeu est maintenant unique, avec quelques satellites là où la version originale proposait trois plateaux complémentaires.

Au passage, on y perd aussi le cinquième joueur. Mais bon, c’est déjà hyper long à quatre, alors ce n’est finalement pas un grand mal. Personnellement je trouve qu’il fonctionne merveilleusement bien à deux.

Un plateau de jeu plutôt... chargé !
Un plateau de jeu plutôt... chargé !

Un jeu de pose d’ouvriers


Au départ, on ne dispose que de deux ouvriers : monsieur le fermier, et madame la fermière. Au gré de la partie, ils peuvent faire des enfants, qui vous octroieront une action supplémentaire, mais seulement si vous disposez d’une maison… du moins, dans un premier temps. Autant dire qu’il est très fortement conseillé de faire des enfants le plus tôt possible. Mais attention à pouvoir les nourrir, car les allocs, ça n’existe pas dans Agricola.

Les règles d’Agricola ne sont pas très complexes. Ce qui l’est, c’est que les actions sont très nombreuses, et augmentent au gré de la partie. Lors de chacun des 14 tours que comptent une partie, une nouvelle carte est ajoutée sur le plateau, ouvrant la voie à une nouvelle action possible.

Pour choisir une action, il suffit de poser l’un de ses meeple dessus. Le truc, c’est qu’une case action ne peut être occupée que par un et un seul meeple par tour de jeu. De plus, on dénombre pas mal d’actions d’accumulation sur le plateau. Ces actions d’accumulation consistent à ajouter une ressource sur la carte à chaque tour. Et là, le premier arrivé rafle TOUT. Alors, vous préférez attendre encore un peu pour prendre le bois, quitte à vous faire rafler la mise sous le nez ?

Vive la ferme !


Agricola reproduit pratiquement tous les aspects d’une ferme : culture, élevage, construction ou agrandissement de sa maison. Mais ce qui est finalement le plus important, c’est certainement la nourriture.

Parce que c’est bien beau de faire évoluer sa ferme, mais lors de certains tours, il va également falloir récolter et manger ! Et là, si vous n’arrivez pas à nourrir tous les habitants de votre maison - ceux qui vous donnent vos actions de jeu - vous aurez des points en moins à la fin de la partie !

L'espace du joueur, avec ses cartes et ses ressources.
L'espace du joueur, avec ses cartes et ses ressources.

La plupart de vos actions seront donc effectuées en anticipant le risque de famine. Et de toute façon, vous devrez tout anticiper, et vous adapter aux actions de vos adversaires.

Et comme si ce n’était pas assez, vous disposez en début de partie de 7 cartes aménagements mineurs et 7 cartes savoir-faire qui vous donneront divers avantages. A cela s’ajoutent dix cartes aménagements majeurs qui sont tout le temps présentes en jeu, disponibles à l’achat pour le premier joueur qui décidera de les acheter.

De quoi vous vriller le cerveau dans tous les sens avec délice, chaque partie étant différente.

Eloge de la frustration


Agricola est frustrant. Très frustrant. Vous n’aurez jamais assez d’actions, il vous manquera toujours du bois, une pierre ou n’importe quelle autre matière première pour construire ceci ou cela.

Et c’est justement de cette frustration que naît le plaisir de jeu dans Agricola. A la fin de chaque partie, on regarde son plateau personnel et, même si on n’a pas remporté la victoire, on est souvent assez fier de ce que l’on a construit… Ou pas, si on a joué comme un branque et que notre ferme est aussi vide que le cerveau d’un footballeur jouant au Dobble.

Elle est pas belle cette petite ferme ?
Elle est pas belle cette petite ferme ?

Agricola, c’est du bon gros jeu velu comme on aime


Agricola a une réputation de jeu velu. C’est un fait, et on ne va pas le nier. Mais il ne faut pas pour autant en avoir peur. Il mérite quelques parties, même si ces dernières peuvent traîner en longueur.

Ce qui est complexe dans Agricola, c’est le nombre vertigineux d’actions que l’on peut réaliser, allié au nombre famélique de celles que l’on va réellement pouvoir effectuer, de part notre nombre d’actions très restreint d’un tour à l’autre.


Le nombre d'action possibles est impressionnant.
Le nombre d'action possibles est impressionnant.



Agricola, un jeu pour 1-4 joueurs de Uwe Rosenberg, illustré par Klemens Franz, édité par Fun Forge pour des parties d'environ 90min.
Age conseillé : 12+.
Culte, indispensable !

Agricola

Parfaitement équilibré, tactique au possible et finalement pas si complexe que l’on voudrait nous le faire croire, Agricola est une vraie valeure sûre du jeu de société moderne.

La note : 6/6 (Culte, indispensable !)