Atari fait encore bien des émules, même après plusieurs années d'inactivité. D'où est partie cette légende ? De Pong au TT, beaucoup de choses se sont passées, changements de propriétaires, grosses erreurs de gestion, changements de caps radicaux...

Nolan Bushnell est né dans une famille de l'Utah, avec un père entrepreneur en bâtiment. Dès son jeune âge, il fait preuve d'une passion pour tout ce qui touche à l'électronique, il a par exemple crée un panneau de contrôle pour véhicule spatial à l'âge de six ans !

Entré à l'Université de l'Utah, Bushnell participe à de nombreuses activités très diverses, dont l'électronique. Parallèlement à ses études, il crée sa première entreprise, Campus Company, basée sur une idée intéressante : la distribution gratuite de buvards aux étudiants, ces buvards proposant des publicités, ce qui permet leur gratuité. Bushnell s'inscrit ensuite à l'Université de Californie où il suit des cours d'électronique et d'informatique. Il y découvre le jeu informatique originel, Space Wars.
C'est le coup de foudre. Son diplôme en poche, Bushnell trouve du travail dans une société fabriquant des magnétophones. Ce travail ne lui convient pas, il rêve de créer sa propre entreprise pour vendre des jeux informatiques, chose inconnue à cette époque. L'avancée de la technologie lui permit de créer sa propre machine Space Wars en novembre 1971, fruit du travail d'un tas de circuits intégrés. Il la baptise Computer Space et présente son prototype à un petit fabricant de flippers qui, emballé par l'idée, accepte de la construire. Il lui propose aussi de l'embaucher !
L'attrait est trop fort pour Bushnell qui accepte. 1500 exemplaires sont
produits, Computer Space reste un gros flop. Son plus gros défaut vient de sa complexité de jeu.

Convaincu que les jeux vidéo ont un avenir économique, Nolan décide de créer son entreprise de jeux, qu'il baptise Syzygy, qui désigne l'éclipse totale entre le Soleil et la Terre. Mais voyant que ce nom était déjà dépose par une autre société, il choisit le nom désormais mythique d'Atari. Ce mot désigne l'état d'échec au jeu de Go. Son premier employé se nomme Al Alcorn, un technicien de génie, très bientôt suivi d'un autre ingénieur, Teb Dabney.
Il faut alors trouver une idée de machine qui soit simple à utiliser, rapide
à maîtriser et très fun. Bushnell pense alors au Tennis, une démo d'un jeu qu'il a vu tourner lors d'une conférence de Ralf Bear, sur une console de salon qui s'apprête à sortir : l'Odyssey de Magnavox. L'idée fait son chemin et finit par germer, pour donner Pong, une variante du Tennis sans être réellement un plagiat. Le premier prototype est créé en trois mois, mais l'électronique nécessaire à son élaboration à été plus chère que prévu. Cela ne permet pas de sortir ce jeu sous forme de console de salon. Alcorn invente donc un système pour mettre la machine de façon autonome, au même titre qu'un flipper, qu'ils s'empressèrent de l'installer au café du coin.

Quelques jours plus tard, le gérant du bar appelle Atari, leur expliquant que la machine ne marchait plus. Après autopsie, il s'avère qu'il y avait tellement d'argent dans le monnayeur que la machine ne peut plus fonctionner ! Malgré ce succès, Bushnell ne parvient pas à convaincre les constructeurs de produire sa machine. Midway n'en veut pas. Bushnell se résout donc à fabriquer les machines lui-même, artisanalement. Le mode de fonctionnement d'Atari est alors très particulier : la musique hard rock est constamment à fond et les employés se font leur horaires eux-mêmes, certains venant le matin et repartant le soir, d'autre faisant le contraire, alors que certains passent plusieurs jour au travail puis disparaissent pendant autant de jours !
Parallèlement, des "caisses noires" sont mises en place, pour payer les
amendes pour ceux qui sont pris en possession de shit, ou pour les
grossesses non désirées.

La demande se fait de plus en plus forte et Atari à du mal à suivre. Sont faites des variantes de son jeu, comme Dr Pong, un version dans un coffre en bois destinée aux hôpitaux ! En 1973, Pong s'est vendu à 6000 exemplaire à 1000 $ pièce et compte 80 personnes où tous déclarent "nous voulons faire des jeux pas des bombes", on est en plein dans l'époque hippie. Midway implore alors Atari de lui vendre une licence de Pong, se mordant les doigts pour son imbécillité de quelques années plus tôt. Pong devient alors copié par de nombreuses entreprises, comme Coleco ou même SEB.

La console de salon Atari Pong sort en 1975. Atari diversifie alors sa
production, créant des jeux de voitures (Space Race ou Grand Trak). Mais cela ne suffi pas pour contrer la concurrence, Bushnell va même jusqu'à créer une société, Kee Games, afin de faire monter la pression. Il faut noter que Atari et Kee Games sortaient les même jeux, mais sous des noms différents. Mais la gestion de l'entreprise est aussi exotique que certains de ses employés, et malgré les bénéfices réalisés, la compagnie est en constante recherche de fonds. Par exemple, il aura fallu un trimestre avant de se rendre compte que la borne Grand Trak était vendu 100 $ moins cher que son prix de revient ! La providence intervient alors. La chaîne de grands magasins Sears propose de racheter le stock de Pong et de les revendre sous
son logo. Malgré cet appel d'air, les ventes s'essoufflent sensiblement et Bushnell veut alors lancer un nouveau type de jeu qui pourrait relancer les ventes. L'idée d'un casse briques émerge alors, mais les ingénieurs demandent plusieurs mois avant de pouvoir proposer un prototype ! Bushnell lance alors un appel à ses employé. Dans le tas, un jeune homme du nom de Steve Jobs affirme pouvoir réaliser ce jeu en trois jours. Bushnell accepte et relève le défi. En fait, c'est un ami de Steve Jobs, Steve Wozniak, un génie de l'électronique, qui fabriquera la machine, en échange de parties gratuites aux jeux d'Atari. Jobs s'occupe alors du jeu lui-même. Mais la machine n'est pas tout à fait au point, par exemple, lorsque l'on perd la balle, on voit s'afficher 'oh merde !' à l'écran. Ainsi est né Breakout.

Bushnell a alors une nouvelle idée, celle d'une machine qui pourrait tourner avec des jeux interchangeable par l'intermédiaire de cartouches. Mais parallèlement sort le premier micro ordinateur : l'Altaïr, ce qui donne l'idée à Bushnell de concevoir le futur Atari 800. Mais le manque de moyens chronique d'Atari l'empêche de sortir une telle bête. Il fait d'Atari et de Kee Games une seule et même société. Il faut maintenant chercher une grosse pointure qui puisse injecter de l'argent dans Atari. Ce sera Warner Communication en 1976. Bushnell conserve le titre de président du conseil d'administration. Il ouvre en même temps une chaîne de pizzerias originale, la Chuck E. Cheese.Il place des bornes d'arcades Atari à la disposition de ses clients ; cette idée tourne vite à la réussite. C'est à cette époque que Steve Jobs, un ancien d'Atari, vient voir Bushnell pour lui présenter sa création : l'Apple. Bushnell lui donne quelques tuyaux, Jobs va ainsi pouvoir se lancer dans la course à la tête d'Apple...

Il y a vite de l'eau dans le gaz entre Warner et Bushnell, ce dernier ne va pas dans le décor avec ses teeshirts de Black Sabbath au milieu des
costards-cravates. La sortie de la console de jeu familiale à cartouches
VCS2600 n'a pas le succès escompté. Selon Bushnell, son prix est trop élevé, mais Warner ne veut rien entendre. La politique de Warner est très fermée, cela se résume à un procès à quiconque développera des logiciels pour les plates-formes de la marque. C'est le point de non retour pour Bushnell qui prend l'exemple de la plate-forme ouverte qui est l'Apple ][. Bushnell quitte alors la compagnie pour la somme rondelette de 100 millions de dollars.
L'année 1979 marque l'explosion des consoles de jeux, la concurrence sort d'autres machines, comme l'Intellivision de Mattel ou la G7000 (C52 en France) de Philips-Magnavox. Mais c'est tout de même la VCS 2600 qui détient près de 80 % des parts du gâteau ! Asteroïds, sorti en 1979, ne fait que renforcer l'image de leader d'Atari, aussi bien dans le domaine de l'arcade que du familial. Ill n'y a que dans la micro informatique qu'Atari est un peu à la traîne. Pourtant, la gestion de l'entreprise se fait à la va-vite, en bien comme en pire. Le bien est par exemple la licence de Pac Man achetée forcée par Namco ! La pire c'est que Nintendo s'est adressé à eux pour le lancement de leur nouvelle console, la NES, Atari a refusé. En 1983 on arrive à la cassure ; les consoles de jeu tombent toutes les une après les
autres au profit des micro-ordinateurs. Atari n'ayant que peu de parts dans ce domaine, c'est la casse. On va même jusqu'a enterrer les stock d'invendus du jeu E.T. dans le désert de l'Arizona !
Parallèlement une gamme de micro ordinateurs de qualité est développée. Les 400 et 800 sont les grand concurrents de l'Apple II puis les 600XL et 800XL se placent face au Commodore 64.

Fin 1983, Jack Tramiel, qui vient de quitter Commodore qu'il fondé, reprend les rênes d'Atari, chargé par Warner Communication de faire le ménage. Des 2000 employés il n'en restera que 200. La politique de l'entreprise est entièrement changée, tout est maintenant réglementé et structuré. Trop diront certains, mais c'était la seule solution viable pour la survie d'Atari, selon Don Thomas, un ancien d'Atari.
Tramiel présente durant l'année 1984 le premier micro ordinateur de la gamme ST, un micro ordinateur 32 bits puissant et économique. Le manque de communication reste un réel problème chez Atari. En France, le rachat d'Atari voit l'ancienne équipe de Commodore France devenir Atari France !
L'incompréhension des médias et les erreurs répétées d'annonce marketing coûte cher à la marque. La Jaguar, première console 64 bits, n'a eu que peu de succès. Le manque de publicité n'aide pas à supporter les ventes la machine, là ou la concurrence en abuse. Par voie de conséquence, les éditeurs sont de plus en plus frileux, créant un cercle vicieux.

Lorsque l'on compare les architectures PC et ST, on se demande pourquoi les choses ont évolué ainsi. Beaucoup de technologies inventées par Atari furent reprise plus tard, comme le ventilateur du Falcon qui varie sa vitesse selon la chaleur ambiante ; à chaque fois, les magazines applaudirent ces technologies dites "innovantes" alors qu'elles avaient déjà quelques années chez Atari ! Pour ne citer que quelques magazines, ce seraient 01-Informatique et SVM.
Mais merde, ce qui est le plus alarmant c'est que cette entreprise, sans qui bon nombre de firmes n'existeraient pas (on peut nommer Apple ou Activision), est partie sans même dire au revoir, coulée sous des pressions financières dont les passionnés n'ont rien à foutre !
Atari a définitivement fermé ces portes depuis le 30 juillet 1996, où toutes les part d'Atari Corp. ont été refourguées à JTS, un fabriquant de disques durs. Les derniers employés qui n'avaient pas encore été licenciés ou démissionnés furent rebalancés dans les labos de JTS... Ils n'étaient que trois...

Quelques années plus tard, la marque Atari revient en fanfarre : Infogrames change de nom et s'appelle désormais Atari ! Mais d'où vient cette annonce qui a fait l'effet d'un pavé dans la marre ? Infogrames, et principalement Bruno Bonnel, son créateur et directeur, dans sa politique de rachat, avait acqui Asbro Interactive. Cette société à la santé plus que moyenne proposait des jeux, donc bon nombre d'ataptation d'Atari, tout simplement parceque c'était elle qui en avait acquis les droits lors de la revente et du démentellement de la firme quelques années plus tôt !
Une aubaine pour l'entreprise de Bonnel qui commençait à perdre un peu de son douffle. Allié à quelques jeux à grand licence comme Matrix, le chiffre d'affaire de la firme lyonnaise reprend du poil de la bête et continue d'entretenir la french touch.
Certains ont grincé des dents, d'autres se sont réjouis, tout est question de point de vue...

Il n'y a de vrai bonheur que le bonheur passé et c'est bien des firmes comme Atari qui auront pu nous le procurer.