Chroniqué par Nicolas Gilles
Quand Ankama se met à faire du jeu de plateau, ça donne Krosmaster Arena, un jeu parfaitement bien huilé et au matériel exemplaire.De Dofus a Krosmaster
Ankama, on les connait surtout pour le succès monumental de Dofus, suivi de près par Wakfu. Krosmaster Arena prend place dans un monde appelé Krosmoz, que l’on visite dans les deux jeux que je viens de citer.
Après son édition de base en 2012, Krosmaster a donné naissance à un sacré nombre d’extensions et de variations - appelées saisons - qui donnent toute l’occasion de découvrir de nouveaux et très nombreux Krosmaster, les petites créatures qui vont se foutre sur la gueule, guidée par votre cerveau machiavélique.
Cela a également entraîné un grand nombre de concours sur le jeu.
Didactique, didactique, didactique
Krosmaster Arena ne s’adresse pas forcément aux amateurs de jeux de plateau visiblement. C’est en tout cas ce que laisse croire sa règle.... de 30 pages !
Le plateau de jeu, joliment illustré, de Krosmaster Arena.
Ces 30 pages fourmillent de détails, d’exemples et de tutoriaux - où il faut placer ses figurines sur la règle pour pouvoir tester certaines parties du gameplay. L’ensemble se lit relativement vite, et se comprend parfaitement bien. Tout est clair, précis, et expliqué à grands coups d’exemples.
Le truc, c’est que si Krosmaster Arena s’adresse à un public plus fan de Dofus et Wakfu que de jeux de plateau, il est fort probable que cette copieuse règle les fasse fuir, les pleutres ! Ben oui, 30 pages à lire, c’est presque aussi long qu’une mise à jour de Day 1.
Mais vous, vous n’avez pas peur hein, parce qu’en plus, Krosmaster Arena n’est pas un jeu velu, c’est juste un jeu d’escarmouche assez fun, malin, et dont le plaisir de jeu est nettement accentué par un matériel de qualité.
Un matériel particulièrement luxueux
Quand on ouvre la boîte, on est vraiment agréablement étonné. Forcément, il y a déjà les figurines, pré-peintes, à la fois mignonnes et magnifiques.
Le jeu se compose de pas mal d’éléments en carton à monter en 3D - notamment des caisses, des arbres et des buissons - dont le carton est épais à souhait. Il en va de même pour les tonnes de pions qui vont servir à matérialiser les altérations d’état, les points de vie, l’argent et les éventuelles améliorations.
Les figurines sont clairement l'un des points forts du jeu.
La boite en elle même est un modèle du genre, avec un thermoformage qui permet de ranger tranquillement l’ensemble des pièces du jeu, et de les retrouver facilement.
Principe de jeu
Dans Krosmaster Arena, il n’est pas uniquement question de se foutre sur la gueule dans une arène toute mignonne. Il faut également élaborer un minimum de stratégie.
Car pour gagner, il n’est pas nécessaire de mettre KO tous les personnages de l’adversaire. Il faut surtout ne pas être le premier à manquer de Galons de la Gloire. Les fameux GG, qui correspondent en fait aux points de victoire. Des points de victoire que l’on peut acheter, mais que l’on peut également collecter sur le cadavre des adversaires KO. C’est en cela qu’il vous faudra la jouer stratégique, sous peine de vous retrouver rapidement à poil.
Déjà, il faut choisir quatre figurines, chacune ayant des capacités qui leurs sont propres : attaque, défense, portée, etc.
Et en plus, les noms sont super funs. C’est rigolo comme tout. J’adore particulièrement l’attaque Bouftabaffe du Roi des Bouftous. Tout un poème. Tout comme le Dans To Fu de la Reine des Tofus.
Le thermoformage est bien pensé.
En outre, chaque personnage dispose de pouvoirs spéciaux qui varient énormément d’un individu à l’autre. Cela influencera forcément votre façon de jouer.
Sur le plateau de jeu, vous pouvez récupérer de l’argent. Il pourra vous servir à acheter des améliorations parmi celles proposées autour du plateau de jeu, ou encore d’acheter un GG, que vous piquerez avec le plus grand plaisir à votre adversaire (petit vicelard que vous êtes).
Les combats de Krosmaster Arena
Parce que oui, les combats, c’est tout de même le centre du jeu.
Malgré le fait qu’il y ait des dés dans la boîte, les combats ne se résolvent pas en les jetant. Je vois votre regard déçu, mais rassurez-vous, c’est finalement bien plus tactique, car tout repose sur l’emplacement de votre personnage face à son adversaire et à différents paramètres qu’il faudra prendre en compte (et notamment la portée de votre attaque et la ligne de vue). Un jeu d’escarmouche quoi.
Les dés, eux, sont lancés en début de tour, et permettent d’accélérer la fin de la partie ou de vous apporter une petite amélioration passagère, comme ça, en passant. Et parce que bon, lancer des dés, c’est quand même vachement fun.
La course aux figurines
Venant de la part d’un éditeur de jeu vidéo qui a bâti sa réputation sur du free-to-play (free-to-pay ?), vous n’allez pas être surpris quand je vous dit que Krosmaster Arena, c’est en fait un jeu de figurines à collectionner non ?
Là, on en arrive au point qui me gène vraiment : le fait de pouvoir (devoir ?) acheter régulièrement des kilos de nouvelles figurines. Déjà qu’en mélangeant les huits qui sont présentes dans la boîte de base, cela peut conduire à des déséquilibres parfois gênants - ou alors c’est un bon prétexte pour ne pas reconnaître sa défaite.
Le truc, c’est que comme pour tous les jeux à collectionner, on a des Krosmaster courants et d’autres qui sont rares… et puissants. Cela se voit notamment à leur niveau, affiché en haut à droite de toutes les cartes. Par défaut, le niveau est de 3 pour tous les Krosmasters présents dans la boîte de base, mais on peut bien entendu en trouver d’autres, plus ou moins puissants, dans les boosters disponibles en achats séparés.
Et là, ce n’est pas mon truc parce que celui qui va dépenser tous ses sous et hypothéquer un rein pour acheter des tonnes de boosters et se constituer l’équipe ultime pour flinguer tout le monde, ben moi je ne pourrais rien contre avec mes huits figurines à la con.
Je préfère me contenter de ce que j’ai dans la boîte de base… quitte à voir pointer assez rapidement la lassitude. Après, il faut tout de même reconnaître que jouer avec de nouveaux personnages renouvelle bien l’intérêt du jeu. C’est donc à vous de voir combien vous êtes prêt à dépenser pour renouveler vos parties.
Krosmaster Arena, un jeu pour 2-4 joueurs de Tot, Murat Célébi et Nicolas Degouy, illustré par Édouard Guiton et Alexandre Papet, édité par Ankama pour des parties d'environ 45-60min.
Age conseillé : 14+.