De temps en temps, on voit des jeux totalement originaux germer de l’imagination fertile des auteurs de jeux de société. The Mind en fait clairement partie et invite furieusement à l’essayer, même s’il est moche comme un jeu remonté du fin fond des années 80.

The Mind : un phénomène de foire


Au milieu des centaines de jeux de pose d’ouvriers, on trouve de temps à autre des perles qui sortent des sentiers battus. The Mind en fait clairement partie.

Non pas que je n’aime pas les jeux de pose d’ouvriers, mais juste qu’un peu de changement et de variété, bah ça fait tout de même carrément du bien de temps en temps, non ?

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que The Mind a fait parler de lui. Il a obtenu pas mal de prix, notamment As d’Or 2019 au Festival International des Jeux de Cannes. Il a surtout été nominé au Spiel des Jahres 2018 (le plus gros prix mondial en termes de jeux de société) où il s’est incliné face à Azul.

Mais en dehors des festival, il a clairement animé les forums de discussions de passionnés. Il faut dire que le jeu est l’un des premiers d’un auteur qui commence alors à salement se faire connaître : Wolfgang Warsh.

Le jeu se compose de 100 cartes... très moches.
Le jeu se compose de 100 cartes... très moches.

Et le garçon est assez étonnant : il ne gagne pas le Spiel 2019 avec The Mind, mais avec Les Charlatans de Belcastel dans la catégorie “jeux experts”. C’est pas beau ça ?

Il s’est également fait remarquer comme “le jeu de l’année, voir même plus” pour beaucoup d’auteurs. De quoi donner une furieuse envie de l’essayer.

Pourtant, The Mind fait partie de ces jeux dont le principe est tellement simple que l’on se demande bien pourquoi il n’avait jamais été édité avant.

Un principe simplissime


Dans la boîte de The Mind, on trouve une règle et 100 cartes. Rien de plus, rien de moins.

Les cartes sont numérotées de 1 à 100. Le but de ce jeu coopératif est de faire en sorte que tous les joueurs posent les cartes qu’ils ont en main dans l’ordre croissant : de la plus petite à la plus grande.

A gauche, les cartes qui vous servent de vie, et à droite les niveaux qu'il va vous falloir passer.
A gauche, les cartes qui vous servent de vie, et à droite les niveaux qu'il va vous falloir passer.

Le jeu se décompose en niveaux : au premier niveau, chaque joueur a 1 carte en main. Au deuxième niveau chacun en a 2, et ainsi de suite. Le but est de faire en sorte que l’équipe monte au plus haut niveau.

Il n’y a pas de tour de jeu. On pose les cartes comme on veut, quand on veut.

Simple ? Certainement pas : on n’a pas le droit de se parler, ni même de se regarder. Pour commencer à jouer, tous les joueurs posent leur main à plat sur la table, et lorsque tout le monde l’a enlevé, le jeu commence. Il faut alors poser les toutes les cartes par ordre croissant.

Un jeu basé sur l’attente


Tout le sel de The Mind se base sur l’attente. Si vous avez en main un 4, vous allez certainement poser immédiatement votre carte. Mais si vous avez un 90, vous allez forcément attendre beaucoup plus… Et si vous avez un 25 ? Hum, pas facile hein ?

Le tout est de ressentir cette attente, et d’être assez rapide pour poser ses cartes quand on pense que c’est le bon moment.

Si ce n’est pas le cas, on perd une vie. Sachant que l’on commence avec autant de vie que de joueurs, cela laisse tout de même un droit à l’erreur.

A tester avec plein de joueurs


Vous allez certainement sortir The Mind très souvent, mais avec des groupes de joueurs différents. Tout son attrait tient à la découverte. A part si votre groupe de joueurs comprend une majorité de compétiteurs qui voudraient sans arrêt tenter de battre leur score et tenter de monter le plus haut possible dans les niveaux - à quatre, il faut arriver au niveau 8 - il y a peu de chances que vous fassiez plus de 5 ou 6 parties.

Mais ce qui est génial, c'est que cette découverte est aussi intéressante pour les nouveaux joueurs que pour les habitués.

Avec d’autres joueurs, on perd une fois de plus ses marques, on doit s’adapter au ressenti des autres et à une gestion du temps différente.

Et je vous vois venir bande de fourbes : le fait de compter jusqu’à 100, chacun dans sa tête, ça permet de gagner non ? Oui, ça aide, mais c’est à prohiber pour deux raisons : ça pète l’intérêt du jeu et la tension qui en découle, et en plus vous constaterez que tout le monde ne compte pas à la même vitesse. Petits malins.

Mais ça ne fonctionne pas avec tout le monde


S’il est intéressant de tester (oui tester, parce qu’on l’essaie vraiment avec des gens, pour voir si ça marche ou pas) The Mind avec plein de joueurs, c’est également parce qu’il ne marche pas avec tout le monde.

J’ai pu faire quelques parties avec des gens qui ne comprenaient pas vraiment l’intérêt du truc, et d’autres qui n’arrivaient pas à se coordonner. Du coup, les vies perdues s’enchaînent et finalement la partie tombait à plat. Heureusement, ce n’est pas le cas avec la majorité des joueurs.

Aussi moche que bon


On peut aussi revenir sur le visuel du jeu : c’est moche, mais alors c’est moooooooche en en devenir aveugle.

L’illustration est sympathique, avec ce petit lapin que l’on trouve sur la boîte. Mais le choix c’est couleurs, c’est une autre histoire.

C’est surtout l’infographie qui est de très mauvais goût. Genre “salut, je découvre Photoshop et ses effets, alors j’en met partout”. Dommage, le jeu aurait gagné à être plus classe visuellement. Après, il reste très lisible, et c’est bien là le principal.


The Mind, un jeu pour 2-4 joueurs de Wolfgang Warsch, illustré par Oliver Freudenreich, édité par Oya pour des parties d'environ 15min.
Age conseillé : 8+.
Culte, indispensable !

The Mind

The Mind est vraiment un jeu a essayer, ne serait-ce que pour se forger son propre avis. Parce que c’est un truc bizarre, étonnant, pas banal. Et rien que pour ça, ça vaut le coup. Et comme il coûte environ 10€, vous ne risquez pas grand chose.

La note : 6/6 (Culte, indispensable !)