Le CDTV est le produit proposé par Commodore pour surfer sur la vague du multimédia qui semble être une nouvelle voie de l’informatique et des jeux vidéo à l’aube des années 1990. Devant lier à la fois l’informatique, le jeu et la culture, ce nouveau type de média demande autre chose que des consoles ou des micro-ordinateurs.

Philips commence par montrer la voie avec son projet de CDI. Commodore va devancer ce dernier en sortant son CDTV quelques mois avant aux Etats-Unis, le 19 Avril 1991 où il bénéficie d’une belle présentation au CES de Las Vegas ayant lieu un mois avant. La machine avait déjà fait parler d’elle l’année précédente au CES de Chicago. Il faut attendre Juin 1991 pour la voir arriver en France. Le retard est expliqué par des raisons de traduction des logiciels livrés avec la machine.

Le CDTV ressemble énormément à une platine CD.
Le CDTV ressemble énormément à une platine CD.

Comment Commodre a-t-il pu sortir son projet aussi rapidement alors que les travaux de Philips remontent à plusieurs années ? En utilisant l’existant, tout simplement ! Le CDTV n’est autre qu’un Amiga 500 remodelé en platine de salon. CDTV veut dire Commodore Dynamic Total Vision. C’est la somme de travail accumulée par l’équipe de dix personnes que Commodore à attelé au projet, dans sa branche des projets spéciaux (un branche quasi externalisée physiquement, financièrement et moralement de Commodore).
Lors de sa sortie, il est le premier ordinateur à pouvoir figurer dans le salon aux côtés de la chaîne Hi-fi. Il est aussi le premier micro à être proposé en standard avec un lecteur CD-Rom. Néanmoins, pour cette dernière affirmation, il convient de nuancer puisqu’il ne s’agit pas vraiment d’un micro.

Extérieurement, la machine se présente comme une platine CD du plus bel effet. On regrette par contre l’utilisation d’un caddie pour insérer les disques qui est très peu pratique. Le design est par contre très réussi : la couleur noire et les pieds argentés en font un module qui se placera tout sans problème sous la chaîne du salon.
Il est en plus possible de s’en servir comme lecteur pour les CD musicaux. Elle est aussi capable de lire les CD+G. L'optique est fabriquée par Mitsumi.
Comme nous l’avons dit plus haut, le CDTV est basé sur un Amiga 500 plus. Le processeur central est donc sans surprise un 68000 de Motorola épaulé par tous les coprocesseurs qui donnent à ce mythique micro ses capacités si intéressantes. Il n’en reste pas moins que lesdites capacités, si elles étaient de très bonne facture en 1987, paraissent beaucoup plus fades en 1991.

La page d'accueil.
La page d'accueil.

Au niveau des branchements, il y a l’embarras du choix. L’alimentation est intégrée, avec une prise tout ce qu’il y a de plus pratique. Les habitués de l’Amiga n’y seront pas dépaysés, avec des possibilités de sorties typiques des Amiga, mais aussi une sortie vidéo composite RCA, ou de l’UHF. Une prise d’extension permet aussi de brancher un lecteur de disquettes. D’autres prises permettent de brancher le lecteur sur une chaîne Hi-fi. On trouve aussi deux prises midi.
Deux autres supplémentaires permettent de brancher un clavier et une souris afin de disposer d’un réel Amiga. La Rom étant assez limitée à ce niveau, certains bidouilleurs ont créé des switchs de rom, permettant de transformer sa machine en un réel Amiga, avec un Kickstart tout ce qu’il y a de classique. Quand on sait que le lecteur de CD-Rom est reconnu comme un disque dur par le système – pour maximiser la compatibilité – on se réjouit de pouvoir passer en mode Amiga aussi facilement.
Pour les utilisateurs lambda, tout le pilotage se fait par une télécommande infrarouge qui se prend en format paysage. Elle sert aussi bien de télécommande que de manette, avec une bonne ergonomie, contrairement à celle du CDI, vraiment très peu pratique.
On peut aussi noter que les possesseurs d’Amiga 500 ont pu acheter le module nommé A690 pour la bagatelle de 4000 francs pour mettre à jour leur micro afin qu’il soit compatible CDTV. Trop chère, cette option ne s’est que très peu vendue.

Au niveau système, c’est le Kickstart 1.3 de l’Amiga 500 qui est choisi. On peut se demander pourquoi un tel choix alors que le nouvel Amiga, le 3000, dispose du 2.0 bien plus véloce. Une des réponses possibles vient très certainement de la puissance demandée par ce nouvel OS que la technologie assez ancienne du CDTV n’aurait pu accueillir.
Bien entendu, la mémoire morte est modifiée afin d’accueillir les extensions permettant d’en faire une machine de salon, avec le support du lecteur de CD.
On regrette toutefois que la machine ne dispose pas de système de décompression intégré au niveau hard, mais seulement du format CDXL. Cela a déjà été reproché au CDI qui n’est capable de lire la vidéo que sur un quart de l’écran. Le CDTV fait encore pire avec ses vidéos tenant sur 1/6 de l’écran !

Il est possible d'y brancher un lecteur de disquettes.
Il est possible d'y brancher un lecteur de disquettes.

La machine connaîtra bien vite un sombre destin. Commodore ne trouve pas les arguments de vente, et ne peut faire le poids face à un Philips disposant d’une artillerie bien plus étoffée que la sienne. De plus, même si le CDTV est moins cher qu’un CDI, il est aussi techniquement plus limité.
Des rumeurs affirment que Philips aurait fait pression sur Commodore afin que ce dernier dote sa machine de la technologie CDI, ou tout du moins de la puce de décompression fabriquée par Motorola. Il n’en sera rien.
Seulement 67 titres spécifiques CDTV verront le jour. Ils pourront être réutilisés sur le CD32, une autre tentative d’incursion de Commodore dans un nouveau domaine, avec cette fois les consoles de jeu. Là encore, ce sera un échec.
Finalement, la vague du multimédia n’était qu’une mode qui a passé très vite, pour laisser pratiquement toutes les machines ayant essayé de prendre le train en route sur le carreau. Commodore s’est fait écraser dès le début par Philips, mais ce dernier n’a pas tenu bien plus longtemps.


Le CDTV dispose de nombreuses extensions.
Le CDTV dispose de nombreuses extensions.

Commodore CDTV côté technique

Microprocesseur : Motorola 68000 à 7,16 Mhz
Mémoire vive : 1 Mo
Mémoire morte : 512 Ko
Vidéo : 640x400 maximum, palette de 4096 couleurs dont 32 affichables simultanément
Son : 4 canaux de 9 octaves
Prix d'origine : 999 dollars aux US