Encore un grand nom de la Micro française. Le design de leurs premiers modèles laissent très certainement un souvenir impérissable à ceux qui les ont utilisés. Un bel exemple.

Pionnier

Claude Perdillat était très présent dans le paysage de la télécomunication française : conseiller technique à la Direction générale des télécommunications (DGT), ancien chargé de mission au Ministère de l'Industrie (1977), il n'en est pas à sa première expérience lorsqu'au cours d'un voyage aux Etats-Unis durant l'année 1979 il découvre la micro informatique. Réalisant le potentiel incroyable que pourraient avoir ces machines dans le milieu des entreprises, il est un des premiers à croire en la micro-informatique professionnelle.
De retour en France, il fera tout ce qui est en son pouvoir afin de faire bouger et avancer ce petit monde tout neuf pour l'hexagone. Avec l'appui de la DGT, des laboratoires du CNET, de l'Université de Paris IV et surtout des clubs Microtel, qui regroupaient là les premiers passionnés de micro-informatique, il participera à la création d'un prototype de machine professionnelle, le futur Goupil 1, qui sera présenté lors du SICOB de septembre 1979.

La même année, afin de commercialiser sa machine, Claude Perdillat créera sa propre société : la Société de Micro-informatique et Télécomunications (SMT), au capital de 800 000 F. Les nombreuses relations qu'il avaient alors, notamment grâce à son passage au ministère de l'industrie, lui permirent de lancer la machine sans trop de problèmes, et surtout d'acquérir une notoriété non négligeable. Au rang des actionnaires de SMT, on comptait de grands noms comme la DGT, le Société Générale ou encore Total et Elf-Aquitaine.

Les débuts sont très bons, le capital d'origine augmentera très vite pour atteindre les 2.3 millions de francs à la fin de l'année. Le marché était encore très nouveau dans ce domaine, et la société a bien su en tirer parti.
Les ventes seront régulièrement boostées par des commandes de grandes entreprises telles que La Poste, ou d'autres sociétés publiques. Mais ce sera aussi par le plan Informatique Pour Tous, qui lui fera vendre 5 000 machines en 1985, ou l'opération '13 000 micros" en 1988 (3 500 micros) qui donneront ses lettres de noblesses au Renard.
Se sentant assez forte, la firme se lancera dans l'exportation, en Europe avec des pays comme la Grande Bretagne en 1985, l'Espagne en 1986 et la RFA en 1987. Dans tous les cas, c'est un échec cuisant, les filiales, ne pouvant dépasser les 10 % du chiffre d'affaire global (sois environ 10 000 micros vendus par an), fermeront toutes leurs portes fin 1990. Selon son président : "Nous y sommes allés un peu en va-t-en-guerre, sans grande expérience de ces marchés. Il fallait s'imposer dans la distribution; or, c'est un euphémisme de dire que nous avions peu de culture dans ce domaine !".
Il y aura bien quelques suites avec notamment un essai en Europe de l'Est, mais même avec le soutient du gouvernement français, le succès n'est que mitigé.

Les ordinateurs

Le Goupil 1 sera commercialisé durant l'année 1980. La machine est équipée d'un processeur courrant pour l'époque, le 6809, fabriqué par Thomson - France oblige - sous licence Motorola. Une centaine d'unités seulement seront produites.
Le Goupil 2 sera en fait un Goupil 1 sous un nouveau boîtier, d'un rouge qui ne peut laisser indifférent. La machine, présentée lors du SICOB de 1981, fera fureur.
Fin 1982 sortira le Goupil 3, un tout intégré modulable, mais dont la fiabilité sera très précaire.
En 1983, c'est le gros boum, IBM lance son IBM PC en France, le succès ne se fait pas trop attendre et finallement SMT décide de prendre le train en marche en proposant en 1984 un G3 PC acceptant de faire tourner des programmes MS-DOS.
La machine sera vite remplacée, durant la même année, par un modèle un peu plus abouti, le G4. La machine est cette fois entièrement compatible avec la norme IBM et marque la fin des machines propriétaires Goupil. D'après des responsables de la société, "Dans l'histoire de Goupil, 1985 est une véritable année pivot. A partir de cette date, nous disposons enfin d'une machine fiable, vraiment compatible et qui se vend bien." En réalité cette machine souffrait d'une mauvaise compatibilité avec la norme IBM.
En Avril 1986 sort le G40, un compatible remis au goût du jour, à la norme AT et disposant d'un Intel 80286.
En juin de la même année, la firme sort son premier portable, le Club, doté d'un Intel 80C86, mais ce sera un échec, seulement 2 000 unités furent vendues avant le retrait du produit à la vente. La machine était déjà dépassée lors de sa sortie, comme l'admettent volontier les gens de chez SMT.
En Avril 1987, on voit le G5, la machine la plus connue de la firme au renard. La gamme évoluera : partant d'un 286 à 8 Mhz, elle finira avec un 386sx à 16 Mhz.
Son successeur, le G50, sortira en avril 1988 et sera architecturé autour d'un Intel 80386 à 25 Mhz. Il proposera en outre la possibilité de choisir son système d'exploitation parmi MS-DOS, OS/2 ou encore UNIX.
Toujours au même mois de la même année sort le second essai en matière de portable de Goupil : le Golf. Après un départ assez difficile, la machine se vendra plutôt bien. Par contre, en même temps sortira le G100, un mini tournant sous Unix qui sera un bide retentissant, seulement une centaine d'unités seront vendues.
En 1990 sortira le G6, successeur du G50, proposant une gamme assez large allant du 80386sx au 80486 33 Mhz.

Voici donc pour les mico-ordinateurs de la firme, mais il faut aussi savoir que la firme, en pleine croissance, aquièrera un grand nombre de filliales, lui permettant d'être présent sur de nombreux secteurs d'activité, comme la Mini, la Micro, la Télématique ou encore les services.

La chute

Le problème de Goupil à principalement été le fait qu'il n'ait jamais été un véritable constructeur : il faisait souvent appel à de nombreux sous-traitants afin de construire partie ou totalité de ses machines. Cela s'est beaucoup ressenti dans la qualité des machines, certaines séries étant sugètes à de gros problèmes, ce qui a beaucoup entâché la réputation de la firme. Les principaux problèmes eurent lieu avec les trois premières machines, et ensuite avec le G50.

Pourtant la progression de la société est impressionnante : de 2.3 millions de francs en 1980, la société passe à 23 millions en 1981, 47 millions en 1982, 670 millions en 1987 et 1 200 millions en 1989, avec 60 000 machines vendues. La firme entrera même en bourse en 1985.
La firme qui désirait devenir numéro un français, pouvait, à ce rythme, espérer être classée dans les cinq premiers européens pour 1992. Mais le sort en a voulu autrement. Cette course au chiffre d'affaire à couduit la firme à traiter trop de contrats simultanément, traînant dans les délais et ayant du mal à payer ses fournisseurs et autres prestataires.
En 1990, alors que l'on s'attendait à un chiffre d'affaire annuel de 1 800 millions de francs, on dû se contenter de seulement 600 millions. En 1991 les pertes étaient estimées à 200 millions. C'était le début de la fin. 1990 est une année charnière, très difficile pour les constructeurs de micros, beaucoup se sont fait emporter par cette crise, et seul Tulip aura su en tirer profit.
De plus, les services public, dont SMT tirait près de 70% de ses revenus, entrent dans une ère de restrictions en ce qui concerne l'informatique. Le rachat de Zenith par Bull, grand concurent français, ne fit qu'agraver les choses : la concurence était rude. Les remises pour les gros contrats pouvaient atteindre les 50% ! Goupil ne pouvait soutenir une telle concurance.

La firme s'écroulera en Juin 1991, avec une dépôt de bilan qui fit grand bruit, dans des circonstances plutôt louches.
Les deux personnes à la tête de Goupil eurent quelques démèlés avec la justice concernant les pertes accumulées par leur entreprise, sous l'accusation de "distribution de dividende fictif, présentation de comptes non fidèles, banqueroute, tenue de comptabilité fictive et de diffusion de fausses informations sur la situation d'un émetteur de titres".
Une fin bien dommage pour une société qui fut pionière dans le monde de la micro informatique française et qui aurait pu apporter encore tellement plus !

La firme sera plus tard, vers la fin des années 1990, rachetée par un assembleur informatique qui produira des PC estempillés du fameux renard. Mais ce sera un échec, l'habit ne fait pas le moine, fort heureusement !