Chroniqué par Nicolas Gilles
The Callisto Protocol lorgne sur le mythique Dead Space. Et pour cause, le géniteur est le même.Mauvais karma
Il y a des jeux comme ça, qui ont la poisse. Et les équipes de développement aussi du coup.
The Callisto Protocol en fait partie. Il a été lancé par Glen Schofield et son studio Striking Distance. Notre homme est à l'origine du premier Dead Space, et il ne sera pas intégré aux équipes des suites. Cela a laissé le bonhomme plutôt très amer, et cela se ressent aussi bien dans le jeu que dans ses déclarations.
Le jeu est annoncé lors des Game Awards 2020. Il sort en décembre 2022 quand, un mois plus tard, sort le remake de... Dead Space. Oui, il y en a qui ont la poisse. Mais cela peut également être un super tremplin !
Si The Callisto Protocol est mieux que Dead Space, le remake passera aux oubliettes directement ! Mais ce n'est pas ce que l'histoire retiendra. Elle retiendra même l'exact inverse : un remake magistral et un The Callisto Protocol très moyen.
Un clone de Dead Space ?
Dès le début de l'aventure, on sent l'influence de Dead Space : l'ambiance poisseuse, perdu dans l'espace... Mais bon, il n'est pas non plus le seul à avoir fait cela.
Vous incarnez Jacob, un pilote qui amène une obscure cargaison à la prison de Callisto, la lune morte de Jupiter. Forcément, rien ne va se passer comme prévu et vous allez vous retrouver prisonnier là-bas, endossant le joli costume orange de détenu !
C'était sans compter sur l'invasion d'une substance mortelle qui transforme les humains en monstres. Et là, vous devez sortir vivant de la prison.
Le parallèle avec Dead Space est forcément très présent. D'autant plus qu'à l'écran, on retrouve les marqueurs du titre de 2008 : une interface totalement absente, tout étant lisible sur le personnage (barre de vie, munitions, armes, etc.).
Heureusement, le jeu se démarque peu à peu de son modèle pour prendre sa propre identité. Parce que après tout, l'ensemble fait également beaucoup penser à Alien non ?
Anti Dead Space
Surtout, dans son gameplay, The Callisto Protocol fait même de l'anti Dead Space. Là où le second nous invite à couper des membres pour les tenir à distance, le premier opte pour un système de combat au corps à corps basé sur un système d'esquive aussi simple qu'original.
Vous cognez, c'est le but, mais entre deux coups, vous devez osciller entre la gauche et la droite pour esquiver. Pas la peine de regarder d'où vient le coup, il suffit d'alterner gauche et droite. C'est ultra simple, mais cela fonctionne vraiment et donne à l'ensemble un côté très dynamique alternant corps à corps et coups de flingues.
Les munitions sont en nombre extrêmement limité, du coup on sera tenté de faire uniquement du corps à corps... Mais la difficulté du titre est élevée : affronter un adversaire, ça le fait, mais à partir de deux cela se corse, et trois, c'est quasiment la mort assurée.
Pour revenir sur la difficulté, beaucoup de choses sont configurables, ce qui m'a permis d'en voir le bout sans trop cracher de sang, même pour moi qui suis une brèle manette en mains.
Un jeu vénère
Jacob est assez lourd, rappelant Léon de Resident Evil 4. Mais il envoie du bois, ce qui compense largement et ne pose finalement pas de problème de frustration chez le joueur.
The Callisto Protocol est un concert de tripes, de décors glauques et autres trucs bien dégueulasses.
Le jeu ne fait pas peur, mais il vous oppresse. Grâce à son ambiance, mais également de part ses combats.
Régulièrement, vous allez devoir la jouer fine et vous infiltrer. Et curieusement, entre le côté ultra bourrin des combats, la possibilité de la jouer fine fonctionne étonnamment bien. C'est d'ailleurs souvent la seule solution durant certaines phases où les adversaires sont trop nombreux. Nombreux, mais aveugles...
Descendu par la critique
A sa sortie, le jeu a été descendu par la critique. Je n'ai pas trop compris pourquoi.
Certes, il est très classique : on évolue dans des couloirs très dirigistes, mais l'ensemble fonctionne bien.
Le scénario n'aura jamais une palme d'or, mais il a le mérite d'être clair et de ne pas tourner autour du pot. Les personnages croisés manquent un peu de profondeur mais restent plausibles.
L'ensemble est classique, ne provoque pas énormément de surprises. Et c'est peut-être pour cela qu'il se prend des baffes de la part des critiques : le teasing du jeu mené par un Glen Schofield un peu trop sûr de lui aura certainement fait trop de promesses.
The Callisto Protocol est un bon survival horror. Mais de là à le comparer à la claque assénée par Dead Space en 2008, on est loin. La surprise n'est plus là.
Un porte parole à chier
Y aura-t-il un The Callisto Protocol 2 ? Ce n'est pas sûr. Certes, le jeu laisse couler l'idée d'une suite lors de son dénouement, mais les mauvaises ventes du jeu, soulignées par des chroniques plutôt mauvaises, remettent pas mal de choses en question.
Le souci vient également de la personnalité de la personne à l'origine de The Callisto Protocol, Glen Schofield.
Il y avait déjà eu un dérapage sur la prise de position sur le crunch, le truc que tout le monde condamne maintenant mais que Glen semble bien aimer. Le tweet a été supprimé et l'auteur s'est excusé. Il a également accusé la critique d'avoir tué son jeu.
Devant autant de proclamations puantes, il est clair que l'on n'a finalement pas trop envie de l'aimer ce Callisto Protocol... Peut être qu'il devrait respirer un peu par le nez avant de publier un truc sur les réseaux sociaux ?
Parce qu'il a également félicité le studio Motive pour la qualité du remake de Dead Space, et là c'est carrément faire play.
Reste qu'une vingtaine de personnes ayant participé au développement du jeu ne figurent pas au générique, alors qu'y figurer est une chose très importante pour toute personne du secteur. Et les explications très floues n'aident pas à aller dans le sens de Schofield.
Bref, beaucoup de casseroles.