Le TO7 est le premier essai de Thomson dans le monde de la micro familiale. Le coup d’envoi date de la fin de l’année 1980. Son ambition principale était de sortir une machine de conception entièrement française. Comme on peut le voir sur la petite étiquette située sous la machine, le fameux et rare " Made in France " prouve que le pari a été relevé !
L’ordinateur est architecturé autour d’un Motorola 6809, plus puissant que ses confrères de l’époque les 6502 et Z80, le problème est qu’à l’utilisation, cela ne se ressent pas du tout puisque le TO7 est l’ordinateur le plus lent de sa catégorie ! Le microprocesseur ne fait pas tout…

Un peu d'histoire

Août 1979, Thomson décide de se lancer dans le monde de la micro-informatique. C'est à Moulin, dans l'Allier que sera créé par une équipe de trois personnes le premier prototype de ce qui sera plus tard le TO7. Durant son développement, de nombreux problèmes se poseront, notamment celui de l'affichage ; aucun composant électronique sur le maché ne donne satisfaction aux ingénieurs de chez Thomson : soit ils sont trop peu puissants, soit ils sont trop chers. Qu'à cela ne tienne, le circuit graphique sera donc fait maison, avec un montage ingénieux qui subtilise la moitié du cycle microprocesseur pour la gestion d'une mémoire correspondant bit à bit à l'affichage désiré : c'est ce que l'on appelle le Direct Memory Access.
La maquette est fonctionnelle en octobre 1980, architecturée autour d'un MCM 6800 de Motorola. De test en test, on s'aperçoit que vu la composition du circuit graphique, il serait peu honéreux et intéressant d'ajouter un crayon optique à la machine. Pour ce faire il a juste suffi d'ajouter un registre spécialisé au processeur.
Mais il faut aussi penser aux softs ! Verront ainsi le jour un micro Basic de 2 Ko, une première version de Pictor, et un utilitaire permettant de lire du bi-piste, c'est à dire des cassettes (le principe est repris à une idée de Nathan). Le micro Basic sera remplacé par un Basic bien plus puissant, fourni par Microsoft (Thomson ne s'est d'ailleurs pas renseigné ailleurs à ce sujet). L'interpréteur tient dans 16 Ko en Rom dans la machine, et il a fallu faire quelques changement quand on sait que le microprocesseur définitif fut finalement un 6809, version plus évolluée du 6800. La version du Basic de départ avait déjà été trois fois optimisée pour trois firmes différentes (un américain et deux japonais), elle le fut une quatrième fois, complètement à la main.
Le plus difficile reste à faire, produire la machine à grande échelle ! Il faudra deux ans pour construire une usine et toutes ses installations capables de sortir nombre de micros Thomson.
La première série de TO7 sera donc présentée au Sicob de 1982, mais sera réellement présente lors de celui de l'année 1983, où 30 000 à 40 000 ont été produites.








La machine en plein développement.

On connait deux versions proto de la machine : une avec le clavier amovible,

et une autre, en noir.


Technique

La ROM de 4 Ko est limitée au strict minimum : un petit programme de test du stylo optique. Le Basic 1.0 de chez Microsoft devait obligatoirement être acheté à part en format cartouche (il existait aussi en cassette mais bonjours les temps de chargement !).
La faible capacité de mémoire vive, seulement 8 Ko, limitait son utilisation à de la micro personnelle et non professionnelle. Autre problème : les extensions. Si vous vouliez brancher des joysticks ou autre, il vous fallait ajouter un carte d’extension à l’arrière de l’ordinateur ; en effet, le TO7 comporte quatre ports d’extension, ce qui fait beaucoup pour l’époque, mais ces ports d’extension sont génériques et pour les utiliser il faudra ajouter une extension du genre modem, port joystick ou encore lecteur de cassette. A noter pour ce dernier que les premiers modèles avaient besoin d’une alimentation 12 V externe que l’on pouvait trouver sur le TO7, juste à côté du gros radiateur de l’alimentation de la machine. Le problème de ces extensions était leur prix assez cher, ce qui ne les mettait pas à la portée de toutes les bourses.
Graphiquement, la machine est capable d’afficher une résolution de 320*200 en 8 couleurs, par contre, on ne peut pas coloriser chaque pixel de façon indépendante. Chose assez étonnante, les composants graphiques sont entièrement réalisés avec des circuits logiques conventionnels, ce qui prend pas mal de place sur la carte mère !
Le design est très carré, mais donne un look assez solide à la bête. Le clavier intégré est sensitif, donc il faut s’écraser les doigts pour afficher une lettre… Mais il est néanmoins de bonne qualité, les touches répondent bien sans avoir besoin de trop appuyer et un Bip vous averti que l’ordinateur a bien enregistré votre frappe. Un stylo optique intégré permet une grande ergonomie, une gros point fort de cette machine. Bien qu’il ne faille pas s’en servir durant des heures : il fallait tout simplement écrire avec sur la télévision, ce qui avait tendance à vite fatiguer le bras !

Le TO7 est très connu chez nous non seulement de par son origine française, mais aussi et surtout par sa grande participation au fameux plan IPT (Informatique Pour Tous) qui fit rage durant les années 1985 – 1986. Les premiers modèles étaient des TO7 qui furent donnés par l’Etat aux écoles des grandes villes. Les écoles plus petites se virent dotées un peu plus tard de TO7/70, évolution du TO7 sorti en 1984, ainsi que d’une télévision Thomson (bien évidemment !). Le problème principal était que ces machines n’étaient absolument pas compatibles avec la norme IBM-PC ou même d’autres comme MSX. Mais il ne faut pas jeter la pierre trop vite, car durant le début des années 1980 on vit éclore de très nombreux formats, ils ont parié sur celui de Thomson qui avait le mérite d’être français (ah, le chauvinisme !), mais bon, ils se sont planté, c’est tout !

SAV

Les problèmes les plus couramment rencontrés viennent principalement d’un des circuits logiques liés au graphisme qui aura mal vieilli, il est assez facile de les changer, puisque ces circuits sont standards.
Autre petit problème : les connections au niveau des cartouches MEMO7 qui se font de plus en plus mal, il suffi de passer les contacts à l’alcool et éventuellement de les relever un peu afin de favoriser le contact…

Thomson TO7 côté technique

Microprocesseur : 6809 E à 1 MHz
Mémoire vive : 8 Ko
Mémoire morte : 4 Ko
Vidéo : 40x25 en mode texte
320x200 en 8 couleurs en mode graphique
Son : 1 voie
Prix d'origine : 3 750 Frs