Les 20 et 21 novembre 2004 s'est déroulée la première édition du festival High Score au sein de l'Espace Landowski, à Boulogne Billancourt. Contrairement aux Vieumikro et autres Infoticaires, cette manifestation n'est pas vraiment destinée aux collectionneurs, mais plutôt au grand public. Plusieurs axes étaient ainsi abordés : un espace de retro-gaming, avec des consoles en libre accès, un espace d'initiation Linux, des tables rondes, des parties de jeux en réseau sur PC, ainsi qu'un concert de Game Boy. Oui, rien que ça.
Après avoir trouvé notre chemin au sein de l'Espace Landowski,
nous arrivons enfin dans l'espace désiré. Un grand couloir s'offre
alors à nous, avec en premier plan un groupe de jeunes s'essayant
à Devil May Cry 3 sur Playstation 2, sur écran géant. Poursuivant
un peu plus avant notre expédition, nous découvrons de nombreuses
consoles derrière des vitrines. La plupart sont branchées, et fonctionnent,
pour le plus grand bonheur du public présent.
Et ce dernier s'est déplacé en nombre plus que correct
! Le festival High Score fait partie des pionniers du genre, avec
notamment le festival
Villette
Numérique 2002 auquel avait pris
part MO5.COM, puisqu'il est destiné au grand public et non pas
aux passionnés. Un pari quelque
peu risqué qui ici prouve que cette mouvance devient de
plus en plus à la mode er recèle réel potentiel.
Il n'était pas nécessaire
de faire la queue durant de longues minutes pour jouer, mais il
était néanmoins rare de trouver une console inoccupée.
Mais avant les consoles, on trouvait l'atelier MUGEN. Pour ceux qui ne connaissent pas encore, MUGEN est un logiciel open source disponible sur PC depuis quelques années déjà. Il propose tout simplement le génial concept de mélanger les jeux de baston 2D. Nous sommes ainsi en présence d'un jeu de baston en 2D totalement customisable ! Lors de sa sortie, on pouvait réaliser son fantasme de fan et jouer avec Ryu de Street Fighter contre Terry de Fatal Fury. Même si cela est maintenant officiellement possible, MUGEN propose toujours sont lot d'étonnements. Avec une maturité de plusieurs années, High Score mettait sous les feux de la rampe un principe de jeu bien trop méconnu. Saluons l'effort !
Au nivau des consoles présentes, on trouvait de tout, avec dans
l'ensemble de l'assez courrant... Mais les classiques viennent
de là, et non pas d'une hypothétique Playdia par exemple. Ainsi,
de Chuck Rock sur Megadrive, on pouvait se lancer dans une partie
effrénée d'Alex Kid sur Master System. Cette dernière était d'ailleurs
jouable sur un écran plat LCD de bonne taille, un anachronisme que
bon nombre de personnes auront relevé le sourire aux lèvres.
On trouvait aussi House Of The Dead 2 sur Dreamcast et son flingue,
Zelda sur GameCube, ou encore Burnout 3 sur Xbox et Art Of Fighting
2 sur Neo Geo CD. Sur ce dernier point, on pourra se demander l'intérêt
de mettre une Neo Geo CD là où la réelle console mythique est la
version cartouche. D'autant plus que la NeoGeo CD choquait vraiment
avec ses temps de chargement à rallonge et son petit singe que
l'on
ne peut décidément plus supporter.
Les fans n'étaient pas en reste, et quelques clins d'oeils
leurs étaient réservés. Ainsi, on trouve Naruto 2 (qui vient juste de sortir au Japon et
était donc présents sur notre sol un petit peu en "exclusivité")
sur une Playstation 2 Silver. Mais c'est surtout Thunder Force V
sur Saturn qui nous a le plus réchauffé le coeur. Ce shoot trop
méconnu de la Saturn a ainsi permis à quelques personnes de connaître
son existence. Les jeux proposés sur les différentes plates-formes
changeaient régulièrement.
On trouvait aussi un PC avec ce qu'il m'a semblé être le très médiocre
Oni (Phil : je confirme !). De toute façon le stand n'a remporté quasimment aucun succès
puisque les touches n'avaient pas été reconfigurées. Le clavier
étant resté en anglais, il était impossible de jouer, et cela ne
semble avoir manqué à personne.
Un animateur était présent et expliquait le fonctionnement de
tel ou tel jeu. On pourra regretter le manque d'une petite étiquette présentant
sommairement chaque jeu, mais cette personne s'en chargeait très
cordialement.
Dernière petite remarque désobligeante, et la plus importante à
mes yeux : le fait que les consoles ne disposaient que d'une seule
manette. Autant sur des jeux comme Burnout 3 cela n'enraye en rien
le plaisir de jeu, mais il en est tout autre sur MUGEN ou Art Of
Fighting. Cela aurait apporté en plus un aspect plus convial.
Dernier détail, une borne malheureusement cachée derrière le tapis de danse relié à la Playstation 2 sur laquelle
diffusait soit Devil May Cray 3 soit Dance Dance Revolution présentait un résumé de l'histoire des jeux vidéo,
plutôt complet et agréable à lire, agrémenté de nombreuses photos. Mais peu de personnes je pense ce seront
arrêtées à lire l'écran figé, à coté duquel les animations des danseurs de DDR auront tôt fait d'attirer l'attention !
Repus de ce condensé d'histoire, nos pas nous orientent vers l'atelier
Linux. Ce qui marque premièrement, c'est le fait qu'il soit quasi
désert. C'est certes un peu dommage, mais cela reste à priori tout
à fait efficace. Le festival étant axé jeux vidéo, il n'est pas
étonnant que les fans de Linux ne se soient pas trop déplacés,
d'autant que cet atelier était réservé à l'initiation,
proposant ainsi l'installation de distributions gratuites du système
au pingoin. Reste que les animateurs étaient très compétents. Il
faut aussi dire que le_pole@, partie de l'Espace Landowski qui
hébergeait le festival, est un espace multimédia, proposant des
initiations et de nombreuses activités informatiques. Il était
donc normal de retrouver cet aspect initiation.
Autre aspect de la manifestation, qui a quant à elle attiré beaucoup
plus de monde : les conférences. Le samedi s'est tenue une table
ronde autour du Game Design. Des professionnels comme Eric Vionnot
(PDG de Lexis Numérique) ou encore Michel Ancel (le créateur de
Rayman), associés à des commerciaux, discutaient ouvertement avec
le public dans une petit salle à l'ambiance chaleureuse et feutrée
- peut-être surchauffée, mais c'est une autre histoire. La condition
du jeu vidéo a donc été tournée sous toutes les coutures, des habitudes
des joueurs à la demande du marché.
Le dimanche s'est déroulé une discussion autour du sujet très polémiqué
des émulateurs et des abandonwares (ces vieux jeux désormais gratuits
et librement distribuables). L'aspect légalité et pureté de la
chose (on ne remplace jamais la vraie manette sur la vraie console),
aura copieusement été abordée.
Si ce genre de débats apportent nécessairement la froideur et l'élitisme
dans lequel il est très vite facile de tomber, les sujets abordés
ont eu le mérite de dégrossir des point importants pour nombre
de joueurs passionnés. Cela tranchait un peu avec l'aspect grand
public, mais le tout était compensé par l'accessibilité des principaux
acteurs de ces discussions.
Venons-en à l'aspect le plus incongru et original du festival
High Score : le concert de Game Boy. Fièrement annoncé sur l'affiche,
cela en a certainement poussé un bon nombre à se poser des questions.
Attirés par les notes typiques de la Game Boy, nous pénètrons dans
une salle aux sièges aussi nombreux que confortables, et où nous
nous installons, écoutant ça et là les tests des différents groupes
qui vont jouer ce soir. Le matériel est assez étonnant : des Game
Boy, on en trouve partout ! Sur les enceinte, sur les tables, à
côté de la table de mixages, et même autour d'une table où l'on
s'attend plus à voir un combat multi-joueur qu'un concert !
Au programme, quatre groupes qui n'avaient encore jamais été amenés
à jouer tous ensembles : Bubblyfish (USA), Glomag (USA), Teamtendo
(France) et GameBoyzz Orchestra (Pologne).
Le concert commence, avec une reprise de Sweet Dreams de Eurythmics
aux sonorités 8 bit exascerbées. Peu à peu, au fils des chansons,
le ton change, on passe plus à la techno, la Game Boy crachant
ses sonorités typiques pour une musique totalement destabilisante.
Personnellement, cette curiosité musicale ne m'aura vraiment pas
marquée. N'étant absolument pas fan de la chip music, je dois dire
que j'étais même plutôt heureux de sortir de la salle où le son
était trop fort... Une expérience vraiment étonnante tout de même.
Autrement, le week end restait riche en surprises, avec des projections de vidéos de jeux sur grand écran, ou encore une LAN Party qui proposait de massacrer les accolytes présents sur les autres ordinateurs de la pièce à grands coups d'armes pixèlisées. Starcraft, Counter Strike et surtout Unreal Tournament 2004 - qui a tourné le plus - on ainsi permi des parties endiablées. J'ai néanmoins regretté mon bon vieux Quake III.
Pour cette première édition, le bilan est plus que positif : le
public s'est déplacé en assez grand nombre pour qu'en haut lieu
de l'Espace Landowski, on se rende compte du potentiel que pourrait
apporter la communauté. Cela est certes assez étonnant de voir
des NES protégées derrière une vitrine, mais il faut bien
entendu en passer par là pour organiser ce genre de festival. Mais
cela n'est pas étonnant : nous sommes en présence d'une exposition
de jeux vidéo, au même titre, ou presque, qu'une exposition de
peintures. Une ambiance radicament différente de ce que l'on peut
connaître en tant que collectionneur, mais une expérience tout
de même extrèmement intéressante pour l'avenir de notre petit monde.
Petit mot de PhilDub : J'ai eu l'occasion de rencontrer les responsables de l'exposition et de discuter avec eux d'un
éventuel partenariat entre MO5.COM et le Pôle Multimédia pour l'année prochaine, et ils semblaient très
interressés ! En effet, ils étaient conscients que le coté culturel et historique n'était pas assez présent,
de même que des micro-ordinateurs de la belle époque en libre accès les auraient interressés.
De plus, se déroulait juste à leurs portes le Salon du Jeu de Rôle,
avec l'immense succès et fréquentation qu'on
leur connait depuis 10 ans : Le Pole Multimédia compte bien s'associer
avec cette initiative également locale à Boulogne-Billancourt
et se réunir avec eux dans un plus grand local encore (le stade
municipal est notamment visé !). Les discussions reprendront
à partir de Décembre pour organiser l'année prochaine m'a t-on
dit, avec la possibilité d'organiser un autre évènement purement
axé Rétrogaming. Wait & see.
Bravo à Didier DAVID , le collectionneur à l'origine de cette très bonne initiative, ainsi qu'au Pole Multimédia et son chef de service Philippe MOREAU pour l'avoir appuyé ! Vivement l'année prochaine, qui selon lui (voir les remarques de PhilDub ci-dessus) s'annonce bien plus vaste en terme d'animations proposées !
Nico & PhilDub