La Famicom n’est autre que la NES japonaise. Pourquoi faire un article sur cette machine alors qu’une fiche sur la NES est également présente ? Tout simplement parce que son histoire est extrêmement riche, et que sa vie au pays du Soleil Levant a été très différente qu’en Europe ou aux Etats-Unis.


Penchons-nous déjà sur le design : il est radicalement différent de ce que l’on connaît dans nos contrées. Ainsi, ce n’est pas un gros caisson gris mais une machine au look beaucoup plus pittoresque, blanche et rouge. Il est à noter que le blanc vieilli très mal et il n’est pas rare de trouver des consoles plutôt jaunes et rouges…
Les manettes sont solidaires de la console. Cela ne gène pas vraiment, d’autant que deux réceptacles situés sur les côtés permettent de les ranger facilement. Elles ressemblent grandement aux européennes, à ceci près qu’elles n’ont pas les mêmes couleurs et que leurs coins sont plus arrondis, les rendant au passage beaucoup plus confortables que leurs homologues carrées. Mais ce qui marque le plus à l’époque est l’utilisation de la croix directionnelle, reprise directement des Game & Watch. Cette croix était révolutionnaire à l’époque où la plupart des manettes se limitaient à des sticks. Pour brancher les accessoires, un port d’extension était prévu. C’est ainsi que le flingue pouvait être branché pas exemple.
Mais revenons quelques années en arrière pour voir historiquement ce qui s’est passé au Japon au début des années 80, pour que Nintendo puisse engendrer ce mythe que nous connaissons tous.
Nintendo est à la base une société fabriquant des jeux pour enfants et de jeux de cartes. Mais pas des jeux électroniques ! Il faut dire que lors de sa création en 1889, on était encore loin d’imaginer ce que pouvait donner un jeu vidéo… A partir des années 1970, Nintendo surfera sur cette vague de pixels ludiques, en sortant des jeux d’arcade, et surtout les Game & Watch, ces petits jeux électroniques légendaires inventés par le génial Gunpei Yokoi. Ces derniers ayant connu un succès phénoménal, Nintendo aura pu engranger un bon paquet d’argent qu’il aura en quasi-totalité réinvesti dans le projet de sa première console à cartouches.
Le marché, a cette époque, était dominé par les américains, avec Atari en tête de file et sa VCS 2600. Elle proposait le concept très innovant pour l’époque de commercialiser des jeux sur cartouche. Nintendo travaillera donc dur pour lancer sa version des faits.
C’est alors qu’arrive le fameux crash de 1983/84. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, il faut savoir que ce crash est le plus important de toute l’histoire des jeux vidéo, amenant un réel raz de marrée sur le marché alors florissant. C’est simple, les ventes ont été divisées par au moins dix. Beaucoup de firmes couleront ainsi… L’Histoire nous apprendra que ce tournant marquera le début de la période japonaise, prenant la place sur les américains. Mais si cela nous paraît très clair aujourd’hui, il en était tout autre en 1983 !
Il fallait oser sortir une nouvelle console sur un marché en écroulement total et où beaucoup d’analystes prédisaient la mort des consoles, remplacées par les micros qui, à prix équivalent ou presque, permettaient des applications professionnelles et d’éducation.
Nintendo est même allé voir Atari pour leur demander de commercialiser la console, arguant que leur savoir-faire n’était pas assez au point pour ce genre de choses. Ce dernier, dans la mouise jusqu’au cou, a refusé l’offre… pour s’en mordre les doigts un peu plus tard très certainement.
Il faut dire aussi que le Japon n’avait pas trop été touché par cette crise de 1983, ce qui explique peut-être le fait que Nintendo se soit lancé.

La boîte de la Nintendo Famicom.
La boîte de la Nintendo Famicom.


Le concept de la Famicom est lancé dès 1980. C’est Masayuki Uemura et son équipe qui seront alors chargés du projet. Le but avoué est de donner suite à la précédente machine de Nintendo, qui avait été fabriquée en collaboration avec Mitsubishi, et qui n’était alors qu’un simple Pong ne proposant bien évidemment pas de port cartouche. Il fallait aussi vendre moins cher que la concurrence. On se penche donc vers un microprocesseur très classique équipant bon nombre de micros de l’époque (Commodore 64 et Apple//, pour ne citer qu’eux) : le 6502. Graphiquement, la machine pouvait afficher 16 couleurs en 256x240 par le biais de la puce fabriquée par Ricoh, ce qui était très honnête.
Un processeur graphique correct mais sans plus, un processeur archi connu… Qu’est-ce qui a bien pu faire décoller les ventes de la console ? Tout simplement un principe commun actuellement, mais inventé par Nintendo : le fait de vendre sa console à prix coûtant, le tout en faisant du bénéfice sur les jeux et les royalties des cartouches des éditeurs tiers. Résultat : une console près de deux fois moins chère que la concurrence. Car oui, on ne le répètera jamais assez : ce sont les jeux qui font la qualité d’une console, et non son hardware.
Au niveau des jeux, justement, on trouve bien entendu des adaptations des jeux d’arcade made in Nintendo, mais aussi bon nombres de jeux simples, ne proposant pas de scrolling. L’avantage est que ces jeux sont simples à comprendre, assez peu chers à développer et donc peu chers à la vente. Ceci explique les jeux ultra simplistes que l’on trouve sur les consoles pirates : ces derniers ne prenant que peu de place, ils sont donc une cible de choix pour les pirates désirant mettre le plus grand nombre de jeux dans une puce de faible capacité pour leur console illégale.


Comme précisé plus haut, la console sortira durant l’année 1983, en plein durant le crash. Pourtant les ventes n’attendront pas longtemps pour atteindre des sommets qu’elles mettront des années à redescendre. Le faible prix de la console ne la mettait absolument pas en concurrence avec les ordinateurs, Nintendo est ainsi passé à travers le problème.
Les ventes sont tellement bonnes que déjà à la fin de l’année, la firme de Kyoto domine d’une quasi hégémonie le marché japonais des consoles de salon. Il est donc bien vite décidé de sortir la machines dans d’autres pays, avec principalement l’Europe et les Etats-Unis. Le pays de l’Oncle Sam sera bien difficile à séduire : il est à genoux et refuse toute initiative dans le domaine. La console est présenté au CES de 1985 dans une version recarrossée telle qu’on la connaît, mais cela ne change pas grand-chose à la donne : personne n’ose commercialiser la bête, malgré son succès au Japon. Finalement c’est Toy’s R Us, la grande firme du jouet américaine, qui va s’occuper de la chose et permettre une diffusion en masse durant le mois de juillet 1986… pour cartonner méchamment dans les charts de ventes de jouets.
Les ventes décollant, beaucoup d’éditeurs vont se lancer dans l’aventure. Jusque là c’était principalement Nintendo qui développait les jeux, il ne deviendra par la suite qu’un éditeur parmi des dizaines d’autres, engrangeant des royalties sur le format des cartouches. Cela fera d’ailleurs grincer des dents à pas mal d’entre eux, Nintendo étant reconnu comme le plus gourmand dans ce domaine avec 20% de pris sur le prix d’un jeu. Mais c’est la rançon de la gloire, si l’on veut toucher le plus grand parc de machines installées, il fallait en passer par la case du plombier. Le fameux ‘’Seal Of Quality’’, le seau de qualité, permettait à Nintendo d’affirmer ne sortir que de très bon jeux. Ce n’était pas très vrai dans la réalité, mais il faut reconnaître que les critères de sélection pour pouvoir développer sur la plate-forme étaient draconiens.

La notice, aux couleurs très kitch.
La notice, aux couleurs très kitch.


Mais revenons au Japon voulez-vous ? En plus de proposer des jeux simples mais efficaces, Nintendo sort toutes sortes de périphériques comme savent si bien les faire les japonais. On trouve ainsi le Family Robot, connu sous le nom de ROB par chez nous. Ce robot dont seulement deux jeux (Gyromite et Stack Up) utilisent les capacités permettaient des interactions physiques par rapport à la console. Ces dernières étant plus que limitées, cet accessoire n’était présent que pour la frime et l’aspect technologique. Cela n’en reste pas moins une très belle pièce de collection. On trouve aussi toutes sortes d’accessoires tout au long de la vie de la console, tels les Power Glove, des gants assez peu pratiques (a part pour flamber devant les copains).
Et Mario dans tout cela ? Cela fait déjà quelques paragraphes que vous l’attendez notre plombier favori non ? Eh bien s’il ne contribue pas à lancer la console, il va contribuer à la relancer. Il manquait un jeu fort à la Famicom. Mario Bros, le jeu d’arcade sorti quelques années plus tôt, avait bien vite été adapté sur la console pour connaître un grand succès, mais il fallait renouveler. C’est le génial Myamoto qui s’en chargera et donnera le coup de départ d’une légende. Avec ce jeu, ce sont toutes les cartouches de la Famicom qui vont prendre un tournant. Maintenant, place aux scrollings, aux effets spéciaux, et à toutes sortes de gâteries dont on ne croyait pas la console capable !


Mas il reste un problème : tout se vend très bien, or les cartouches restent très chères à produire, et donc à vendre. Pour les enfants, ce n’était vraiment pas une bonne chose. Surtout pour leur bourse. C’est ainsi qu’est né le Disk System. Ce n’est rien d’autre qu’un lecteur de disquettes qui se plaçait sous la Famicom, pour lui permettre d’utiliser un support bien moins coûteux. Le format des disquettes est le 3 pouces, tout comme sur CPC ou Oric. Un format bâtard, mais qui permettait déjà d’éviter le piratage, et coûtait dix fois moins cher à produire qu’une cartouche.
Mais ce n’est pas tout, le Disk System fut un grand succès aussi de part son mode de vente des jeux. On pouvait certes en acheter en magasin, mais il était aussi possible d’acheter des disquettes vierges et d’aller les charger d’un jeu au choix, moyennant quelques yens, cinq cent exactement, dans l’un des nombreux magasins qui proposaient ce service. Le fait que certains jeu n’étaient disponibles que par un biais ajoutait au succès auprès des fans.
Pour appâter encore plus le chaland (il fallait tout de même acheter le lecteur qui valait un peu d’argent), Nintendo frappa, une fois de plus, un grand coup. The Legend Of Zelda, le dernier né de l’imagination débordante de Myamoto, qui s’annonçait déjà comme un hit incroyable, ne fut premièrement sorti que sur disquette… De même que Super Mario Bros 2 ou Metroid ! C’est ainsi que l’objet se vendit comme des petits pains.
Le Disk System eu une durée de vie un peu plus courte que la Famicom pour la simple raison que les disquettes ne pouvaient contenir que 64 Ko par face. Les jeux évoluant et demandant de plus en plus de place, il fût rapidement impossible de faire tenir les derniers jeux dessus. Il a tout de même connu des années plus que florissantes.

Le bloc antenne, sans lui, impossible de brancher la Famicom.
Le bloc antenne, sans lui, impossible de brancher la Famicom.


Une console mythique à la durée de vie incroyable, puisqu’en 1993 une nouvelle version sortira, sous le nom de AV Famicom. L’ancien modèle fonctionnait sur la prise antenne, ce qui faisait pour le moins archaïque. Ce nouveau modèle, outre le fait qu’il propose un look plus moderne, ajoute une prise péritel salvatrice.
Voilà pour cette machine de rêve, dont nous ne sommes pas prêts d’oublier les charmes.




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Publicité désormais légendaire : Super Mario Bros.
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Nintendo Famicom côté technique

Microprocesseur : Motorola 6508 à 1.79 Mhz (un 6502 modifié)
Mémoire vive : 2Ko, 2Ko de mémoire vidéo
Vidéo : 256x240 en 16 couleurs
Son : 5 voies
Prix d'origine : 14 800 yens