Chroniqué par Nicolas Gilles
Il parait qu'il aurait dû faire de l'ombre à Street Fighter II. Heu, on parle du même jeu ?Faux espoirs
Non mais sérieux, ils commencent à nous gonfler les joueurs console avec leurs Street Fighter II ou leur Mortal Kombat !
En 1993, c'est l'afflux de jeux de combat de type vs fighting. Et ce sont les consoles qui se taillent la part du lion, juste après l'arcade, et bien avant les micros.
Nombreux essaient de se faire un nom en sortant un jeu du genre sur ces morceaux de plastiques avec plein de touches dessus. Team17 en fait partie, même si le studio n'a plus à faire ses preuves, tant leurs jeux sont bien accueillis à l'époque.
Mais quand ils annoncent Body Blows, un jeu marchant clairement sur les traces de Street Fighter II ou encore plus de Fatal Fury, beaucoup retiennent leur souffle.
Ils pourront le retenir longtemps, le jeu ne vaut pas beaucoup mieux que Full Contact, le premier titre développé par Team17 (déjà un jeu de baston).
Il est marrant de lire la presse micro de l'époque, Joystick et Gen4, qui a visible bien apprécié le jeu, le comparant allègrement à Street Fighter II. Oui, c'était marrant la guéguerre de l'époque.
One button gameplay
Bien avant les jeux pourris sur téléphone mobile, Body Blows repose sur un gampleay à un seul bouton.
Mais pourquoi tant de haine ? Tout simplement parce qu'à l'époque, sur micro, les manettes, c'étaient des joysticks, et qu'ils n'avaient qu'un seul bouton ! Il y a déjà bien assez de touches sur le clavier, pas la peine d'en mettre des tonnes sur les joysticks ! Quoi, comment ça je suis mauvaise langue ?
Rappelez-vous les Quickshot, les Speedking et autres grandes marques. On avait un seul bouton... deux pour les manettes les plus avancées. Mais quand on est développeur et que l'on veut toucher le grand public, on essaie de faire des jeux jouables par la majorité des joueurs.
Body Blows souffre donc avant tout d'une maniabilité d'un support qui est né dans les années 80, là où les consoles, avec la Megadrive ou la Super Nintendo, sorties bien plus récemment et imposant leur manette, proposent bien plus de boutons.
Team17 part donc d'une bonne intension, mais au final, on est à des années lumières d'un Street Fighter II.
Ah oui, et comme on est sur micro, il faut également changer plein de fois de disquettes entre les combats.
Un gameplay différent
Du coup, dans Body Blows, on oriente la manette dans une direction pour choisir son coup et on appuie sur le bouton pour le sortir. On peut aussi faire arrière plus le bouton pour parer.
Cela devient très rapidement naturel, mais manque par ailleurs de profondeur et de finesse. C'est mal équilibré, et surtout bien trop difficile pour se faire plaisir, d'autant que la difficulté monte en flèche au gré des combats.
Heureusement, on peut jouer à deux, mais là aussi, cela manque de finesse et de technique. Impossible de faire des combos par exemple.
Une belle réalisation
Ce qui sauve le jeu et lui donne de belles notes dans les chroniques de l'époque, à mes yeux, c'est son aspect technique. C'est fluide, peut être un peu saccadé, mais avec des gros sprites.
Et encore : le design des personnages n'est pas un modèle de finesse en termes de direction artistique.
Sur les copies d'écran, il est clair que Body Blows semble être un bon vs fighting. Mais une fois la manette en main, c'est tout autre chose.
Team17 le sait, puisqu'il proposera une version corrigée de son jeu, comme il a tendance à le faire avec tous ses jeux à succès : Alien Breed et Project-X notamment. Un côté également mercantile d'un développeur qui tente de surfer sur tout ce qui fonctionne à l'époque, avec plus ou moins de succès (et généralement plus que moins).
On aura aussi une version AGA, pour Amiga 1200, entièrement remaniée et beaucoup plus fréquentable.
Il y a des hauts et des bas dans la vie d'un studio, et Body Blows est résolument au creux de la vague. Vu le nombre de jeux Team17 sorti rien que pour l'année 1993, il est logique de se dire qu'il y a quelques vilains petits canards. En parlant de petit canard, Qwak, de Team17, cette même année, est beaucoup plus recommandable, bien que regardant plus du côté des années 80.