Dans Sagrada, vous allez devoir fabriquer des vitraux. Et comme matière première, vous aurez des dés. Avouez que c’est un peu plus costaud que le verre, et vous ne risquez pas de vous couper.

Fabriquez les vitraux de la Sagrada Familia


Rien que la couverture de la boîte de Sagrada donne le ton : c’est un parti pris graphique fort, et un résultat que je trouve particulièrement réussi visuellement.

On comprend bien qu’il va falloir jouer avec les couleurs. Et les couleurs, elles sont principalement données par les quelques 90 dés que l’on trouve dans la boite et qui affichent 5 couleurs translucides différentes. Déjà rien que pour ça, ça donne envie de lancer une partie, non ?

Vous trouvez ensuite quatre plateaux personnels en carton très épais et de plusieurs niveaux, ce qui permet de bien placer les dés sans qu’ils ne se fassent la malle.

Enfin, quelques cartes viennent compléter une boîte dont le thermoformage bien pensé permet de parfaitement bien ranger et déranger tout ce petit monde sans perdre de temps.

Le plateau personnel, superbe, où vous allez devoir placer vos dés.
Le plateau personnel, superbe, où vous allez devoir placer vos dés.

Sagrada : un jeu de dés sans (trop) de hasard


Dans Sagrada, vous écopez d’une sacrée responsabilité : vous faites parties des quelques artistes en lice pour créer le plus beau vitrail de la Sagrada Familia.

Pour ceux qui ne connaissent pas la Sagrada Familia, sachez que c’est une basilique qui se trouve à Barcelone et dont la construction a commencé en 1882… et qui n’est pas encore terminée.

A vous de réaliser le plus beau vitrail, à partir des contraintes qui vous seront imposées.

Le principe de jeu


Le but du jeu est toujours le même dans Sagadra : placer vos dés sur vos vitraux en fonction de leur couleur et de leur chiffre.

En revanche, ce qui change à chaque partie, c’est l’objectif de pose : en début de partie, vous tirez trois cartes objectif, qui permettront de comptabiliser les points en fin de partie. Par exemple : 6 points pour chaque ligne où l’ensemble des dés sont de couleurs différentes, 2 points pour chaque couple de 5 et de 6 sur votre vitrail, 5 points pour chaque colonne où les chiffres des dés sont tous différents, etc.

Le plateau central, avec les objectifs et les pouvoirs spéciaux, qui changent à chaque partie.
Le plateau central, avec les objectifs et les pouvoirs spéciaux, qui changent à chaque partie.

A cela s’ajoute une carte d’objectif personnel, que vous allez cacher durant toute la partie. Elle définie une couleur de dé qui vous permettra de marquer des points supplémentaires en fin de partie.

De plus, chaque joueur va choisir une matrice (sous forme de carte à placer sous son vitrail), qui imposera certaines couleurs et certaines valeurs sur son vitrail.

Bref, la rejouabilité est excellente, les parties ne sont pas monotones et, en fonction des cartes objectifs tirés, le challenge est plus ou moins relevé. Du coup, on ne s’ennuie jamais dans Sagrada !

On ne place pas ses dés n’importe comment !


Faire un beau vitrail, c’est du boulot. Du coup, a chaque début de manche, on tire du sac autant de dés que de joueurs, plus un, puis on les lance.

Dans l’ordre du tour, chaque joueur va prendre un dé parmis ceux qui viennent d’être lancés, puis le place sur son vitrail.

Les jetons de faveur, également très jolis.
Les jetons de faveur, également très jolis.

Le truc, c’est que votre dé, vous ne pouvez pas le placer comme vous voulez. Forcément, sinon, ça ne serait plus un jeu de société (petit malin).

Vous devez donc vérifier trois choses :
- Aucun autre dé présent orthogonalement (au dessus, en dessous, à sa droite et à sa gauche) ne doit être de la même couleur
- Aucun autre dé présent orthogonalement ne doit être de même valeur
- Le dé posé doit correspondre à votre matrice, si celle-ci précise un chiffre ou une couleur sur la case sur laquelle vous pouvez poser le dé

Des couleurs et des chiffres


Jouer avec les chiffres et les couleurs en même temps vous demandera souvent pas mal de réflexion. Le cerveau humain n’est pas fait pour se concentrer à la fois sur deux choses aussi différentes telles que les chiffres et les couleurs, et c’est là tout le sel de Sagrada !

Lors des premières parties, il n’est pas rare de se tromper. Dans ce cas, cela n’arrête pas la partie : il suffit de défausser le ou les dés qui posent problème. C’est assez embêtant pour le joueur à qui cela arrive pour pouvoir continuer la partie sans pénaliser les autres joueurs.

Le matériel, très joli et particulièrement stylé, permet de coller au thème. Là où on ne pourrait voir qu’un jeu de placement de dés, on voit finalement des couleurs qui sont intéressantes et un ensemble visuellement joli et cohérent. Certes, le coup des chiffres (qui correspond aux nuances) est beaucoup plus tiré par les cheveux…

Les dés, de cinq couleurs différentes.
Les dés, de cinq couleurs différentes.

Des pouvoirs spéciaux pour briser les situations inextricables


Le hasard des dés et de la pioche fait que bien des parties se terminent sans que vous aillez pu terminer votre vitrail.

Souvent, il vous manquera un ou deux dés. Tant pis pour votre orgueil !

Car il faut avouer que, surtout en fin de partie, le tirage des dés vous met face au mur et vous force à passer. Pour contrer cela, les auteurs ont trouvé une parade solide : les pouvoirs spéciaux.

Tout comme les cartes objectifs, on tire trois cartes de pouvoir spéciaux en début de partie. Pour pouvoir bénéficier de ces pouvoirs, vous jouez des jetons de faveur que vous récupérez en début de partie, en fonction de la complexité de votre matrice (plus elle est complexe, plus vous avez de jetons de faveur).

Les bonus sont souvent très appréciables : déplacer un dé déjà posé, pouvoir poser un dé sans contrainte de la matrice, etc.

Ici, on n'est pas loin de la fin de la partie... Arrivera-t-on a terminer notre vitrail ?
Ici, on n'est pas loin de la fin de la partie... Arrivera-t-on a terminer notre vitrail ?

Pas très offensif


Sagrada fait partie de ces jeux, à la manière d’un Splendor, où la réflexion est de mise, et où les interactions entre les joueurs sont très limitées… mais pas inexistantes.

Cela ne plaira pas forcément à tous, et en particulier à ceux qui aiment s’asticoter. Ici, à part utiliser le premier un pouvoir spécial ou surtout piquer le dé qui allait tip top pour l’un de vos adversaires, vous n’allez pas trop pouvoir lui pourrir la vie.

Au contraire, toute votre attention va se porter sur votre plateau de jeu et votre façon d’optimiser l’utilisation des dés… même si un coup d’oeil sur le plateau des copains sera intéressant histoire voir si on ne peut pas chiper un dé important, pour peu qu’il aille bien sur votre plateau.


Tout se range parfaitement bien dans la boîte.
Tout se range parfaitement bien dans la boîte.



Sagrada, un jeu pour 1-4 joueurs de Adrian Adamescu et Daryl Andrews, illustré par Adrian Adamescu, Daryl Andrews et Peter Wocken, édité par Matagot pour des parties d'environ 30-60min.
Age conseillé : 14+.
Culte, indispensable !

Sagrada

Sagrada est une excellente surprise. La réflexion est présente sans vriller les neurones, et les échanges entre les joueurs sont juste qu’il faut à mes yeux pour éviter les foires à l’empoigne. Les parties se renouvellent très bien et pour moi qui aiment jeter des dés, c’est parfait !

La note : 6/6 (Culte, indispensable !)