Dragon Quest est une série à part dans le monde des RPG. Très connue au Japon, elle l'est beaucoup moins dans nos contrées. Peut-être parcequ'il se veut beaucoup moins facile d'accès que son éternel concurent Final Fantasy. Dans tous les cas les gens d'Enix nous pondent toujours de bons épisodes.

Dragon Quest n’est peut-être pas très connu dans nos contrées, où le grand public ne jure que par Final Fantasy, mais au Japon, c’est une véritable institution au même titre que… ben Final Fantasy justement. Il faut avouer aussi qu’Enix, son développeur, ne fait rien pour populariser ses jeux, auxquels il est souvent reproché leur difficulté d’approche pour les novices.



Genèse

Yuji Horii, Akira Toriyama et Koichi Sugiyama sortent le premier Dragon Quest le 27 mai de l’année 1986 au Japon sur la NES de Nintendo. Il se présente comme un jeu de rôle assez facile d’accès, qui contraste grandement avec ce que pouvait faire Lord British et ses Ultima, souvent réservés à une certaine élite grandement bercée par les jeux de rôle.

Le succès est immédiat et 1.5 millions d’exemplaire seront vendus. Enorme pour l’époque. Vous y incarnez Erdick, un combattant partant pour vaincre un chevalier dragon. Le scénario donne vraiment envie de connaître la suite et la customisation simple et efficace des personnages font que le jeu en scotchera plus d’un. Mais les autres pays alors ? Il faut attendre presque deux ans pour que le jeu soit adapté en anglais pour le marché américain. Pourtant entièrement traduit et quelque peu amélioré – notamment au niveau des sauvegardes par mot de passe qui ont été remplacées par une sauvegarde sur pile bien plus rapide et pratique, le jeu ne se vendra qu’à cinq cents petits milliers d’exemplaires, ceci étant grandement dû à ses capacités techniques largement dépassées par les autres jeux du moment. Et c’est là que ce pose une des problèmes les plus reprochés la série : sa aspect résolument old school, qui s’attarde plus sur le scénario et la profondeur de jeu que sur l’aspect technique proprement dit. Il faut aussi savoir qu’à cette époque, mieux valait savoir lire le japonais pour ne pas trop attendre…



Entre temps au Japon sort Dragon Quest II, qui fera pas mal de mécontents : les graphismes n’ont que très peu évollués, et les combats on même plutôt perdu au niveau de leur aspect, les images fixes de fond étant remplacées par un écran noir des plus sobres. Pourtant le jeu se vendra tout de même à 2.4 millions d’exemplaires, la notoriété qu’avait acquis le premier opus n’y étant certainement pas pour rien.

On note quelques évolution comme la possibilité de jouer avec trois personnages en même temps et de se battre contre plus d’un monstre à la fois.

Au niveau du scénario, on pourra apprécier une certaine continuité avec le premier opus. On incarne cette fois un nouveau héro qui doit toujours aller combattre, mais on croise souvent les protagonistes du premier épisode, les trois héros principaux étant maintenant les rois des trois contrées qu’il va vous falloir traverser. Même si les plus observateurs noteront des incohérences avec le scénario du précédent épisode, cela permet aux passionnés de garder leurs marques.



Paré au décollage

Mais il faut attendre le troisième Dragon Quest pour apprécier tout la saveur de la série. Très riche, ce dernier propose moult améliorations, comme le choix du sexe du personnage, on pouvait ainsi créer jusqu’à douze protagonistes parmis lesquels trois pouvaient être joué en même temps. Il est en outre le premier à proposer une gestion du jour et de la nuit : tout comme dans certaines versions de Ultima, il vous fallait discuter et passer dans des lieux à certains moments de la journée pour pouvoir progresser. Toujours dans une optique de continuité, vous en apprendrez plus sur Erdrick. 3,8 millions d’exemplaires se vendront, prouvant encore une fois la montée en notoriété de la série sur l’archipel nippon.

Dragon Quest IV sort un peu plus tard et rompt avec les habitudes, en proposant cinq quêtes ayant chacune leur propre protagoniste. Les innovations sont toujours là, la principale étant que la console gérait pour vous vos coéquipiers, vous permettant de ne pas vous attarder sur plusieurs personnages et de vous concentrer sur le héros. On trouve aussi le principe des médailles cachées dans les décors, qui, une fois en votre possession, pouvaient être échangées contre des objets de valeur. Le succès est toujours au rendez-vous au Japon, mais absolument pas aux Etats-Unis, outre le temps de latence demandé par la tradcution, le jeu sort pratiquement en même temps que la Super Nintendo, passant par là-même presque innaperçu. C’est d’ailleur en grande partie pour cela que les bureaux américains de Enix fermeront durant un temps. Ceci n’est pas vaiment étonnant vu les temps qu’ils mettaient pour adapter leurs jeux !



Passage obligé

Oui, il était donc obligé de passer à la vitesse supérieure, c’est à dire à la 16 bits de Nintendo. Le cinquième épisode de la série, dénommé La Mariée Du Paradis. Le jeu est bon, mais pâti du décollage de son éternel rival, Squaresoft, qui sort des perles comme Final Fantasy V et VI, considérés comme beaucoup comme les meilleurs jeux de rôles de tous les temps. Le jeu se vend tout de même à 2.1 millions d’exemplaires, mais ne sera jamais traduit.

Ensuite c’est silence radio pendant presque deux ans, avant de voir sortir Un Monde Illusoire, qui oscille entre rêve et réalité et immerge le joueur dans un monde féérique qui peut aisément être comparé à celui de Final Fantasy VI. L’histoire se base cette fois plus sur les seconds rôles que sur celui du héros proprement dit, en accumulant les flash-back. Les ventes s’élèveront à 3.2 millions d’exemplaires, et, encore une fois, le jeu ne sera pas traduit, Enix ayant pas mal de problème d’argent pour se qui concerne sa filiale américaine.



Et encore une fois c’est silence radio, ou presque. Il faut attendre cinq ans pour avoir entre les mains le tant attendu Dragon Quest VII, qui sort sur Playstation. Les information étaient distribuées au compte goutte, et au final le jeu se présente comme techniquement très moyen. Mais quelle profondeur ! Enix n’est pas un Square, et ne peux pas se permettre d’embaucher des centaines de personnes pour un jeu, c’est pourquoi le temps d’attente aura été si long. Mais la série de dérogera pas à la règle, en donnant un très bon, mais pas si facile d’accès que cela au premier abord.

Pour faire patienter les joueurs impatients, et surtout pour renflouer ses caisses pour pouvoir continuer le développement du bébé, Enix sort des adaptation Game Boy de ses anciens opus, pas toujours très réussi, mais qui ont le mérite de faire patienter. De même, on trouvera aussi un Dragon Quest Monsters qui se révèlera être un Dongeon-RPG de moyenne facture.



La gueguerre

Oui, on ne compte plus les chamailleries qu’il y a eu entre les deux développeurs que sont Enix et Squaresoft ; ni celles des joueurs d’ailleurs, ce qui rappelle grandement les duels entre deux autres séries mythiques que sont Street Fighter et Fatal Fury. Par exemple, dans le premier opus de Final Fantasy, on peut voir une tombe portant le nom de Erdrick. De même, les bonnes idées allaient dans les deux sens, ainsi, le principe du choix du sexe a été inauguré par Square et son Final Fantasy II, bien vite repris par Enix et son Dragon Quest III. Mais on trouve aussi facilement l’inverse. Il ne faut donc pas jeter la pierre à l’un ou à l’autre.

Mais ce n’est pas parce que Enix est moins présent et moins puissant financièrement que Square qu’il est à négliger, la preuve, une loi a même été votée interdisant à la firme de sortir un nouvel opus de sa série far en dehors des dimanches et autres jours fériés !



Une série bizarre, pour un éditeur qui ne l’est pas moins. Développant aussi silencieusement ses jeux que ces derniers font du bruit lors de leur lancement, Enix a su se forger une réputation de fin limier, préfèrant mettre des années à sortir un bon jeu que de pondre plusieurs petits opus, plus courts, mais plus médiocres aussi. Assez difficile d’approche, cette série reste néanmoins un concentrer de bonheur pour qui sait s’y pencher.